Chapitre 9

93 31 8
                                    

Date de rédaction : 21/12/2022

Encore une paire de menottes, à croire qu'ils ne retenaient jamais la leçon, mais cette fois-ci mes deux poignets étaient maintenus à surface en métal gelée. Depuis combien de temps attendais-je que l'on vienne rompre le silence dans cette salle d'interrogatoire ? Lasse, je portais mon regard sur le faux miroir à ma gauche, ils me regardaient, pas le moindre doute. C'est bien pour ça que je leur offrais mon plus aimable sourire. Je les imaginais spéculer, médire et me maudire.

J'avais quitté l'hôpital ce matin, pour me retrouver au seizième étage d'un building en plein centre-ville qui ne portait à aucun moment l'enseigne d'Interpol.

Six jours que ma vie avait pris un tournant pitoyable, et je n'osais concevoir la colère dans laquelle se trouvait Price. L'incident à la réception de Brian Lang avait sans doute fait le tour de tous les médias. Il voudra récupérer son million la prochaine fois que nous nous croiserons. En fin de compte, me retrouver entre ces quatre murs n'était pas si mal, j'esquivais pour un certain temps les retombées de mes erreurs.

La porte s'entrouvrit, sans étonnement, cette chère membre du comité exécutif entra, suivie de près par son serviteur qui tirait constamment la gueule et qui ne savait l'ouvrir que pour baver en ma présence.

— Bon et si nous débutions ? sollicita Livia Almeida en tirant une chaise.

— Il va rester là lui ? lâchais-je en pointant du nez le type en noir.

Bien entendu, il me regarda de travers. Pour une raison que j'ignorais, il me portait une indéniable rancœur, pourtant nous ne nous connaissions ni d'Adam ni d'Eve.

— Je le crains. Le sous-officier Wiles et a été commissionné par le gouvernement britannique afin de nous assister.

À le scruter, il ne ressemblait pas à un militaire, à moins qu'il n'ait oublié son uniforme en quittant son lit ce matin. Quoi qu'il en soit, je reportais mon attention sur les documents que Livia exposa sur la table. Un stylo bille roula dans ma direction, et avant même qu'il ne soit à ma portée, la main de mon interlocutrice s'écrasa sur la surface. Non sans réprimer un rictus provocateur, je croisais ses yeux ambrés. Ma petite évasion l'autre jour avait fait grande impression, mais pas dans le bon sens du terme, enfin pour eux. Crispés, ses doigts se refermèrent sur le bout de plastique, puis elle se racla la gorge avant de reprendre place dans sa chaise et glisser entre mes mains la pochette cartonnée pleine de feuilles.

— Falko Reis, c'est bien lui votre associé.

J'entamais la découverte du dossier.

— Ex associé, soulignais-je irritée à la simple vue de sa photo en première page.

Ils n'avaient eu aucun mal à l'identifier sur les vidéos de l'hôtel, supposais-je. Un casier judiciaire comme le sien, ça ne s'effaçait pas.

— Un terroriste, ancien membre du réseau Hofstad, expert en explosifs...

J'avais eu vent de ses agissements dans cette organisation dans les années 2000, même s'il n'en avait que très rarement évoqué son rôle. Meurtre, attentats au parlement néerlandais, à l'aéroport national et même dans un réacteur nucléaire, tous déjoués par chance. Et puis au démantèlement du groupe en 2005, Reis s'est éclipsé en bon lâche, et a changé de pays comme d'identité pour un temps.

— En 2011 il a fait sauter deux fourgons blindés de la Banque fédérale d'Allemagne et en 2017 il a braqué une bijouterie à Rome, causant au passage cinq blessés et deux morts, mais je ne vous apprends rien.

Les rapports circulaient entre mes doigts, et je ne laissais échapper aucune surprise. Il me racontait souvent les détails de son quotidien en cavale, rien de très glorieux, même s'il aimait se vanter.

La Voleuse aux Mains d'Or - Tome 1 [TERMINÉ]Where stories live. Discover now