Chapitre 23

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Date de rédaction : 24/03/2023

Calixte

— La laisser seule à l'hôtel, c'est comme lui tendre la perche pour qu'elle foute le camp.

Hana réprima un rire, elle ne paraissait pas se soucier de ce détail. Au lieu de ça, mon amie tira de sa poche un paquet de cigarettes, elle m'en tendit une, que je refusais. Un an que j'avais arrêté, je n'étais pas prêt de replonger.

La chaleur de l'été se prolongeait dans la fin d'après-midi et les rues de Milan plus animées que jamais me faisaient presque oublier que ce soir tout se jouait.

Sur la Piazza del Duomo, les pigeons s'envolaient lors de notre passage. Les rayons sur soleil se reflétaient sur l'imposante cathédrale haute de cent-huit mètres, couronnée de ses centaines de flèches et milliers de statues, un spectacle d'architecture qu'aucun touriste de passage dans cette ville ne saurait manquer. Mais nous n'étions pas ici pour bombarder les monuments de photos. En vérité, je subissais la volonté de ma partenaire quant à me trainer jusqu'à la galerie Vittorio Emanuele II. Un lieu inondé de lumière et de foule où il devenait difficile de circuler. Je ne comptais plus les coups d'épaules reçus et je pestais à la simple idée d'entrer dans une de ces boutiques aux prix excédant tout bon sens.

— On ne peut pas y aller ensemble comme au bon vieux temps ? râlais-je en fourrant les mains dans mes poches.

— Et qui se chargera de nous exfiltrer si ça dérape ? Notre voleuse en chef ?

Je roulais des yeux, Hana avait toujours réponse à tout.

— Alors tu prends ma place, les soirées de privilégiés c'est pas mon truc.

— Pas de soucis, tu sauras gérer la communication entre le théâtre et Interpol ?

Elle parvint à piquer mon étonnement.

— Ah parce qu'ils seront sur le coup avec nous ?

Je la sentais nerveuse rien qu'à considérer sa clope qui se consumait à une vitesse hallucinante. Elle ne le disait pas, mais depuis ces dix derniers jours, l'étau se resserrait autour de nous, et d'ici peu, nos mouvements se retrouveront limités.

— Almeida nous tient à l'œil, elle pense que l'affaire se rallonge trop. Si tout ne rentre pas dans l'ordre ce soir, alors il faudra que l'on désigne un coupable.

Oui, le bouc émissaire que la presse et l'État pourront lyncher.

— Et qui ça ?

Hana écrasa son mégot contre l'acier d'une poubelle en recrachant sa dernière bouffée de fumée avant de se planter devant l'enseigne d'un tailleur.

— À ton avis ?

Pourquoi poser la question alors que cela m'apparaissait plus évident que jamais.

— Vous lui avez vendu quinze ans si elle décidait de coopérer, et non la perpétuité.

— C'est pas moi qui fixe les règles, et ils commencent à s'impatienter.

Sans vouloir s'étendre sur le sujet, elle poussa la porte de la boutique en m'incitant à la rejoindre. Je ne la suivais pas de bon cœur, et je la laissais parler à la vendeuse en blazer qui m'adressa un regard discret et presque enjôleur. La grande blonde acquiesça à plusieurs reprises face à la demande de mon amie. Puis, toute pimpante, la jeune femme s'avança pour se saisir de mon bras en me balançant un charabia italien que je ne pigeais rien.

— Quoi ? maugréais-je en me débarrassant de sa prise.

Offusquée devant si peu de civisme, la vendeuse se recula et chercha le regard et l'approbation d'Hana.

La Voleuse aux Mains d'Or - Tome 1 [TERMINÉ]Where stories live. Discover now