Chapitre 22

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Date de rédaction : 18/03/2023

11 ans plus tôt.

Dans le noir, j'avançais à tâtons au milieu les escaliers, mon souffle tremblait, témoin de cette insécurité grandissante en mon for intérieur.

— Relax, murmura une voix au creux de mon oreille.

Mon ventre se noua sous un étrange sentiment indescriptible. Pour la première fois, Louiza ne m'accompagnait pas, elle n'était d'ailleurs même pas au courant de mon escapade, et elle ne devait jamais le savoir. Car c'était Domingo qui suivait mes pas, coller dans mon dos comme une ombre. Une chose de sûre, il savait convaincre n'importe qui de n'importe quoi. La palpitation grouillait dans tous mes membres, et une fois arrivé au troisième étage, mon compère m'arrêta devant la porte.

— Souviens-toi, trois mots d'ordre : sérieux, discrétion et rapidité.

Comme toujours, et j'excellais de mieux en mieux dans le domaine. J'appuyais sur l'épaisse poignée en métal, mais Dom me retint une dernière fois en posant sa main sur la mienne, son bras libre entoura ma taille et il m'attira contre lui pour mieux s'imprégner de ma présence.

— On a dit sérieux, gabais-je en me prenant à ce petit jeu.

— Alors, dépêchons-nous d'en finir.

Le battant ne poussa pas le moindre bruit, pas même le claquement de la pêne ne retentit. Et enfin, les premières lueurs vinrent éclairer notre voie. Des enseignes à perte de vue, et pas un client dans le centre commercial qui ouvrirait ses portes dans tout juste deux heures. Le soleil n'était pas encore levé, et les vigiles, approchant bientôt de leur fin de service, se relâchaient, se contentant d'une petite ronde au rez-de-chaussée. Nous étions libres de parcourir les allées à notre guise. Je m'octroyais même le temps d'admirer les vitrines éclairées de la boutique aux vêtements chic à la lingerie délicate dont les prix en rendraient fous plus d'un.

— Tu serais magnifique là-dedans.

Le murmure de mon complice me fit rougir, il se tenait dans mon dos, ses mains sur mes épaules, son regard fixé sur le mannequin qui portait une nuisette pourpre en satin à haut de dentelle.

— Tu me l'offres ?

— Dès que nous serons rentrées, je te donnerais tout ce que tu désires, joya.

Un programme qui me plaisait bien, tant que nos batifolages demeuraient discrets.

Mais pour l'heure, nous filions les murs jusqu'à atteindre notre objectif : « Cuentos de oro ». La bijouterie que j'avais repérée trois semaines plus tôt, quatre caméras dans chaque angle, des vitrines cependant à peine protégées, pas de détecteurs, de simples serrures qui ne résisteront pas à mon crochetage. Gants enfilés, cheveux attachés et capuche rabattue, dans un premier temps, je m'allongeais le long de la grille en acier. Un épais cadenas nous barrait la route. Domingo s'installa à mes côtés, et comme tout bon assistant, il me tendit un à un les outils qui me permettraient de soulever l'anse. Grâce à une seule pince enfoncée dans le barillet, et avec ce silence imperturbable qui régnait, j'entendais distinctement les goupilles se soulever. Jusqu'à ce qu'un cliquetis ne saute, mon ventre se nouait d'excitation et mon cœur se tordait d'un étrange sentiment alors que je tenais entre mes mains le cadenas déverrouillé. C'était si mal et si bien à la fois. J'adorais cette sensation, oui, celle de commettre un larcin, en toute impunité, personne pour m'arrêter, je me voyais déjà riche et à la tête d'un empire.

Dom s'allongea à mes côtés, il passa ses doigts sous le grillage, et ensemble, nous soulevâmes la clôture, d'une manière si lente qu'aucun son ne résonna. La maîtrise du silence et du sang-froid, voilà la clé pour réussir. Un entrebâillement d'une quarantaine de centimètres suffit à ce que l'on puisse tous deux passer.

La Voleuse aux Mains d'Or - Tome 1 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant