Chapitre 38

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Date de rédaction : 02/06/2023

— Tu es sûr de pouvoir continuer ? questionnais-je prête à céder ma place côté passager.

Les doigts de Calixte se serraient autour du volant en cuir de ma Land Rover, un petit bijou dont il prenait grand soin sous ma surveillance avisée.

— Ce n'est que huit heures de route.

Je lui aurais bien proposé de prendre le train ou bien un avion, mais au vu des circonstances, il valait mieux nous montrer discrets et nous déplacer par nos propres moyens.

— J'ai réservé une chambre à l'hôtel Hermitage.

Mon annonce ne sembla pas le surprendre. À vrai dire, son manque de réaction ne fit que confirmer en mon for intérieur qu'il n'avait aucune idée de ce que représentait l'endroit où nous séjournerons. Plus de restrictions budgétaires, si Cal pouvait accepté de dormir dans une location d'appartement miteux, avec un frigo crasseux et un lit pouilleux, ce n'était pas mon cas. Je croulais sous les billets, j'ignorais de quoi serait fait demain, alors autant en profiter. De plus, je ne rêvais que d'un bon petit-déjeuner en terrasse avec vue sur mer.

D'après les informations contenues dans le dossier de Kieran Price, les coordonnés GPS nous menaient en direction des côtes monégasques. Je ne disposais pas de cinquante adresses, alors je misais tout sur la seule que j'avais dénichée avant notre rencontre deux mois plus tôt. Je n'avais pas pour habitude de me déplacer jusqu'au domicile de mes clients, mais quand ces derniers me menaçaient, il fallait bien remettre les pendules à l'heure, de plus la curiosité me gagnait, je voulais savoir au nom de qui il agissait. Price avait évoqué son attrait pour le jeu, alors j'espérais bien le croiser au détour d'une partie de poker.

Le coffre rempli de tout mon matériel sophistiqué, j'ignorais s'il nous faudrait nous faufiler ou bien foncer dans le tas, mais mieux valait-il se prémunir. À contrario, Calixte n'emportait qu'un sac, le seul qu'il avait embarqué en quittant son pays.

La pluie nous cueillait. L'automne et le froid s'invitaient, et je relativisais en espérant que nous retrouverions bientôt le soleil.

Entre nous, le silence s'étendait. Et il manquait inévitablement une présence, cette voix intrusive et parfois trop bavarde, celle qui nous mettait à l'aise, celle qui parlait de tout et de rien, surtout de rien lorsqu'il s'agissait d'éviter le sujet « opération ». À présent, nous n'étions plus que deux, sans Hana pour nous arracher des ricanements et nous mener à la baguette.

— Ça fait bizarre, soupira Cal sans lâcher la route du regard.

— Quoi donc ?

— De ne pas l'entendre.

J'esquissais un sourire en comprenant que l'on partageait la même pensée. Au fond, je me demandais comment Wiles s'y prendrait pour soulager sa colère. Je le savais nerveux, avec un peu de provocation, il pourrait en venir aux poings. Mais avant qu'il n'y cède, je voulais aussi obtenir mon petit entretien avec Price. Je devrais tenir mon sergent à l'œil, le retenir tant que je n'aurais pas obtenu mes réponses. Ainsi, plus nous nous rapprochions de Monte-Carlo, plus l'appréhension me gagnait. Je ne redoutais aucune rencontre. Mais le fait est que ni Cal ni moi nous nous trouvions au meilleur de notre forme. Mes nouveaux points de suture aidaient grandement à réparer les dégâts causés par Mae Pisani. Mais je ne m'imaginais pas une seconde escalader un mur ou bien me glisser par une fenêtre. Quant à Calixte, son état me paraissait plus acceptable que la semaine dernière, mais quatre côtes fêlées ne guérissaient pas en un claquement de doigts.

Au creux de la Méditerranée, nichée entre la mer ensoleillée et les collines escarpées, se trouvait Monte-Carlo. Une destination à la beauté enchanteresse, où l'opulence et l'élégance s'entremêlaient pour créer une atmosphère unique.

La Voleuse aux Mains d'Or - Tome 1 [TERMINÉ]Where stories live. Discover now