Chapitre 5

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Date de rédaction : 11/12/2022

Musique, champagne et amuse-bouches, voilà comment résumer ce que l'on trouvait entre ces murs. Des rires gras, des femmes qui arboraient tous leurs bijoux, d'autres pseudo-gentlemen se pliaient en courbette dans l'espoir qu'on les remarque. Tout ceci me répugnait, pourtant, il fallait bien l'avouer, je me plaisais dans ce genre de soirée. Ici, tout puait le fric et la démesure, tout plein de proies que mes mains rêvaient de voler. Des boucles d'oreilles incrustées de pierres précieuses, des bracelets en or, un portefeuille qui dépassait d'une poche, un disque dur dix mètres au-dessus de ma tête...

— Crémant ? proposa un serveur en me désignant son plateau.

J'acceptais en le remerciant. Comme d'habitude, je me fondais dans le décor. Dans cette réception, je ne reconnaissais pas un visage, je n'étais qu'une inconnue dans toute cette foule. Et dans ces circonstances, n'importe qui se sentirait mal à l'aise, incapable de trouver sa place. Mais en vérité, j'étais comme un poisson dans l'eau. Adossée contre un mur, je savourais les bulles alcoolisées tout en détaillant les conviés. Aucun secrétaire d'État à la Défense britannique en vue. Notre hôte savait se faire désirer à en juger par tous ceux qui s'impatientaient autour de moi.

Mon téléphone prépayé dans mon sac à main vibra, un appel de Falko en numéro inconnu, je décrochais sans dire un mot.

— Il vient de sortir de son bureau, et deux types gardent les escaliers qui vont au troisième. Tout est en place, à toi de jouer, n'oublie pas la clé.

— Entendu, m'enquis-je en raccrochant.

Sur-le-champ, je quittais mon recoin pour me rendre jusqu'aux premières marches. Mon cœur tambourinait sous l'excitation et par la simple idée que d'ici peu je croulerais encore plus sous l'argent. De quoi combler un peu mes désirs. On a beau dire « l'argent ne fait pas le bonheur », seuls ceux qui n'ont jamais connu la richesse se sentent en mesure de l'affirmer et ils n'y connaissent rien. L'argent fait le bonheur, l'argent offre le confort, il nous ouvre toutes les portes, il nous fait sentir puissant. J'aime l'argent !

Le marbre couvrait le sol et une peinture laiteuse à l'odeur encore fraîche tapissait les murs. Beaucoup de portes closes sur mon chemin, et certains invités profitaient de quelques étroits recoins pour échanger en toute intimité.

J'allais m'engager vers le deuxième palier lorsque mon épaule heurta celle d'un autre. Un hoquet de surprise exagéré franchit mes lèvres, dans une perte d'équilibre magistralement orchestrée, la grande main de ma victime me retenue juste avant que ma coupe ne se renverse et je me rattrapais aussitôt à lui en appuyant mes doigts sur son torse.

— Oh excusez-moi, quelle étourdie je fais, bégayais-je sans le lâcher.

— Non, c'est moi l'étourdi, j'aurais dû m'écarter pour vous laisser passer, s'enquit Brian Lang en me dévoilant un large sourire décoré d'une incisive latérale argentée comme on en faisait plus aujourd'hui.

Polie, je me redressais en réajustant une bretelle de ma robe sur mon épaule, Lang ne put s'empêcher de loucher sur le tissu pervenche qui galbait ma silhouette.

— Plus de peur que de mal, souriais-je en me séparant de lui.

Le septuagénaire secoua la tête, toujours incapable de sortir de sa contemplation.

— Exact, et vous êtes ?

— Ravie d'être ici, merci pour votre invitation, monsieur le ministre.

Ses joues s'empourprèrent et les premières œillades insistantes ne tardèrent pas à peser sur nous.

— Je vous en prie, appelez-moi Brian.

La Voleuse aux Mains d'Or - Tome 1 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant