Chapitre 18

112 24 6
                                    

Date de rédaction : 06/02/2023

Calixte

— Almeida n'approuverait pas, fis-je remarquer à Hana.

— Ce que Almeida ignore ne lui causera pas de tort.

Elle ne prenait pas en considération mes avertissements, préférant équiper notre voleuse attitrée d'une oreillette. J'en fis de même de mon côté. À l'étroit dans la fourgonnette que nous avions dégotée tôt dans la matinée, Hana n'avait pas perdu son temps pour déballer tout son matériel. Elle se révélait bien plus utile derrière les écrans, à nous écouter plutôt qu'à se pavaner dans la rue à nos côtés. Et à mon grand malheur, on devenait plus discret à deux et je me voyais condamné à garder un œil sur Meier. Cette dernière semblait s'en réjouir, pour le plaisir de me voir tirer encore plus la gueule, disait-elle. Et je l'emmerdais.

Je sortais du véhicule en premier, la chaleur me frappa, voilà la Ligurie dans toute sa splendeur. Le soleil, l'odeur de bouffe qui flottait dans les rues à cause des restaurants bondés de touristes qui profitaient de leurs derniers jours de vacances avant la reprise de septembre et les plages où ils se retrouvaient tous agglutinés comme des larves en quête d'un bronzage idéal. C'est ce que représentait Finale Ligure, une petite ville pittoresque sur la côte du Ponant au nord-ouest de l'Italie, une petite ville semblable à mille autres lorsque l'on évoquait les stations balnéaires, aux rues pavées et aux murs de vieilles pierres. Je nouais mes quelques mèches assez longues en arrière et rabattais ma casquette noire. L'air frais me manquait, le vrai grand air, celui où il n'y avait personne pour m'en priver, celui des hauteurs, celui des montagnes...

— J'aime pas la plage, râla une voix dans mon dos.

La portière de la fourgonnette claqua et je me retournais pour découvrir Isis, le regard blasé. Pour une fois, elle paraissait subir autant que moi notre situation bancale. Les plis de sa robe blanche se soulevaient dans la brise, Hana la lui avait achetée peu après notre sortie de l'aéroport de Gênes. Plus le temps passait, plus je les trouvais très complices, Hana aimait accorder sa confiance au premier coup d'œil, elle se fiait sans cesse à son instinct, et j'étais prêt à parier que Meier ne cherchait que le profit dans cette affaire. C'est bien pour ça que je mettais un point d'honneur à me placer entre les deux pour garder le contrôle.

— Test, vous m'entendez ? entendis-je dans mon oreille.

— Cinq sur cinq.

Un rire agaçant me procura un frisson, je lançais une œillade mauvaise à la voleuse qui me narguait.

— Tu te crois en mission commando sergent ?

— Tais-toi un peu, maugréais-je en me saisissant de son bras pour l'obliger à avancer.

J'attrapais mon téléphone pour me remémorer le visage que l'on devait chercher. Une certaine Marilena Alemanno, collectionneuse en art, mariée et trois enfants, elle possédait un manoir sur une colline qui dominait un vignoble de quatre hectares en bord de mer. Elle vivait de prospérité, c'était une amie de Verano, assez proche pour être conviée à sa petite fête, assez éloignée pour que personne ne remarque son absence.

— Hana, quand je t'ai demandé de me trouver la liste des invités c'était pour me dégoter moi-même celle que je comptais voler.

Peut-être qu'Isis Meier aurait préféré un plus gros challenge ou bien choisir dans quelle peau elle aurait aimé se glisser ?

— On n'avait pas cinquante mille solutions, j'ai choisi au plus proche et au plus simple. Ce n'est qu'une reconnaissance pour l'instant, nous aviserons d'un plan ce soir.

La précision de ma partenaire ramena notre escroqueuse sur terre, elle s'imaginait déjà user de ses talents pour chaparder, mais je la tenais à l'œil, je fixais ses mains, aucun détail ne m'échapperait cette fois-ci.

La Voleuse aux Mains d'Or - Tome 1 [TERMINÉ]Where stories live. Discover now