Chapitre 16

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Date de rédaction : 30/01/2023

De retour à l'appartement miteux, j'avais cette fois-ci pu prendre ma douche, avec interdiction de verrouiller la porte. Et le sergent Wiles n'avait pas manqué une seule minute pour toquer à la porte et s'assurer de ma présence. De toute façon, plus rien ne m'attendait dehors. Mais je réfléchissais activement à un procédé que Falko ne pourrait pas anticiper. Étais-je si prévisible que ça ? Non, évidemment que non ! Mais après toutes ces années de collaboration et de cohabitation, ce petit salopiaud m'avait cerné. Je devais donc innover. Mais comment ? M'incruster à leur prochain rendez-vous ne suffirait pas. Par ailleurs, j'ignorais dans quelles circonstances ils comptaient se retrouver. Et je ne connaissais toujours pas l'identité de son acheteur.

Bordel...

Exaspérée, j'écrasais mon front contre le carrelage froid qui contrastait avec ma peau rouge, brûlante et vaporeuse. J'avais besoin d'un remontant, une tequila, un whisky sans glace... Merde, même un café suffirait à me calmer. Et je crevais la dalle... Nous n'avions rien mangé depuis ce matin.

Deux coups contre la porte me sortirent de ma taciturnité. Je fronçais d'autant plus les sourcils en percevant sa voix :

— Toujours là ?

Un soupir sans fin traversa mes lèvres. Je coupais l'eau, assurait mes cheveux et dépliais ma serviette.

— Vu ton instance, n'aurais-tu pas envie de me rejoindre ? narguais-je en effaçant la buée qui couvrait le miroir.

Aucune réponse. Mon sarcasme l'agaçait, et tant mieux.

Je me perdais dans la contemplation d'un reflet terne, la fatigue et le sentiment de me heurter sans cesse à des échecs pesaient sur mon moral. Une sensation des plus étranges, car en temps normal cela n'arrivait jamais, je réussissais tout ce que j'entreprenais. L'idée de m'enfuir une nouvelle fois par la fenêtre traversa mon esprit. Le désir de changer de vie, reprendre à zéro, m'installer où je le désirais, dans un pays tropical où mon nom et mon visage passeraient incognito. Oh oui, c'était un fantasme que je pouvais réaliser n'importe quand. Mais à cette simple pensée, les mots de Louiza me rappelaient à l'ordre : « assume et termine toujours ce que tu as commencé ». Elle n'avait jamais cessé de me casser les oreilles avec cette manie de toujours et encore apprendre. En fin de compte, c'était surement grâce à son adage de piètre qualité que j'avais atteint les sommets. Ne jamais lâcher prise, même quand tout paraît impossible. Car il n'y a rien d'irréalisable pour Aure Visconti.

J'enfilais un débardeur blanc ainsi qu'un jogging aimablement prêté par Hana et me décidais à quitter la pièce d'eau. L'esprit aéré et ordonné, j'attachais mes mèches éclaircies tout en prenant place sur le canapé. D'une main, ma complice tapotait le clavier de son ordinateur portable, de l'autre elle croquait dans une part de pizza quatre fromages.

— Tu as faim ? Je t'en prie, sers-toi, s'enquit-elle la bouche pleine.

Nul besoin d'insister plus longtemps, je me penchais sur la table basse pour défaire une bière brune de son pack et choper une part encore chaude. Sans même relever mon attention, je pouvais sentir ce regard pesant, Calixte se tenait dans un coin, les bras croisés, médisant à mon égard en silence. Ne plus le calculer, voilà la meilleure solution. Dans un coin de la table basse, je découvrais de la paperasse et la photo en gros plan prise plus tôt devant la vitrine du restaurant.

— Falko a reçu une enveloppe de la part de ce type, j'ignore où et quand il échangera les dossiers. Mais une chose de sûre, je compte bien interrompre leur prochain entretient.

Je regrettais presque de ne pas l'avoir fait tout à l'heure, maudit soit Calixte Wiles.

— Et depuis quand tu prends les décisions ? Dois-je te rappeler ta situation ? pesta le loup dans son coin.

La Voleuse aux Mains d'Or - Tome 1 [TERMINÉ]Where stories live. Discover now