Chapitre 41

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Date de rédaction : 13/06/2023

— Tu me dois une faveur Isis, et je tâcherais de m'en souvenir !

À peine de retour dans notre chambre d'hôtel, je quittais mes talons en poussant un soupir de satisfaction. Au mieux, je tentais de m'étirer, mais la raideur dans mon dos se prolongeait, difficile d'entreprendre le moindre mouvement tant les piques de douleurs me rappelaient à l'ordre.

— Oui, comme je te dois aussi la vie, on dirait bien que la liste s'allonge.

Je savais que les émotions étaient contagieuses, mais pas à ce point. Je pouvais sentir la contrariété de Calixte m'envahir, se faufilant en moi telle une brume suffocante. Chaque mot qu'il prononçait avec ferveur résonnait en moi, amplifiant mes propres ressentiments. Mes muscles se raidissaient, ma respiration se hachait et mon cœur battait la chamade, comme si j'étais plongée dans les tourments affectifs de Calixte. Dire que je ne comprenais pas sa frustration serait un mensonge. Mais alors que je consacrais mon existence à garder mon calme, considérant ce dernier comme essentiel de la résolution à toutes les peines, cette fois-ci, je le sentais m'échapper.

— Quand le moment sera venu, je te servirais Price et tu en feras ce que tu voudras.

— T'as intérêt.

Du bout des doigts, je tentais d'atteindre la fermeture dans mon dos, mais chaque tentative de contorsion se soldait par des sursauts douloureux. Génial, une voleuse cassée en deux, je pouvais dire bye bye à ma crédibilité.

— Bon sang, je peux savoir ce que tu as à la fin ?

J'essayais de garder mon sang-froid, de maintenir une distance affective, mais la puissance de ses émotions m'assaillait sans relâche. Chaque parole acerbe de Calixte résonnait en moi, faisant vibrer mes propres nerfs. Une vague d'exacerbation m'envahissait, tout comme le désir de riposter face à sa colère grandissante.

— Oh navré sergent, la prochaine fois aie l'amabilité de prévenir lorsqu'il te prendra l'envie de projeter quelqu'un contre un mur !

Le bec cloué, le fautif s'accorda un instant de réflexion pour me jauger et peut-être se calmer.

— Je... Mince.

En lui tournant le dos, je rabattais mes cheveux sur un côté.

— Aide-moi si tu veux que je t'excuse.

Un long soupire et enfin il se détendait, tout comme ma robe à mesure que la fermeture éclair glissait jusqu'au bas de mes reins. Par réflexe, je posais une main sur le tissu satiné pour lui éviter une chute sur le parquet. Le silence s'éternisa, Calixte ne bougeait plus. Sur le point de me retourner, un frisson remonta le long de ma colonne vertébrale. Son index frôlait mon épiderme dans un geste traduisant autant d'audace que d'attrait.

Ébaubie, je pivotais pour mieux considérer cet air confus. La bouche entrouverte, Calixte ne parvenait pas à mettre des mots sur ce simple geste, alors il se contenta de reculer...

— Pardon.

... Pour mieux me fuir.

— Entre toi et moi, c'est de la coordination qu'il manque.

Je le suivais jusqu'aux abords de la terrasse. Un vent frais s'immisça entre nous.

— Toutes mes excuses, je ne suis pas Hana.

Cal réprima un rire forcé en dénouant sa cravate pour mieux quérir l'air qui lui manquait.

— Ça n'a rien à voir.

— Ah bon, t'es certain ?

Accoudé contre la rambarde, il me jeta une œillade en oblique, mais ne m'accorda aucune réponse. Alors j'avançais un peu plus jusqu'à me tenir à sa portée. Même s'il demeurait muet, n'importe qui aurait pu deviner toute l'agitation dans son esprit qu'il tentait de dissimuler sans grand succès. Quitte à enfoncer le clou, autant y aller franchement :

La Voleuse aux Mains d'Or - Tome 1 [TERMINÉ]Where stories live. Discover now