Chapitre 2

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La journée se termina plus vite que Lidia ne l'avait imaginé et l'heure fatidique, à laquelle Elena Thifany allait passer entre les ateliers pour dénicher une pièce signature, sonna comme une sentence de mort. Les couturières se tenaient bien droites derrière leurs œuvres tandis qu'Elena descendait élégamment les marches de l'escalier de bois. Lidia osa lever le nez et constata avec surprise que tous les regards étaient rivés sur leur patronne. Sa longue robe vert sapin frôlait le sol alors qu'elle marchait dans l'allée centrale en souriant.

- Magnifique, commenta-t-elle à l'attention d'une couturière à peine plus âgée que Lidia qui avait réalisé une robe avec une étoffe andrinople et des pages de livre jaunies au briquet.

Elena continua son chemin en commentant les œuvres de ses couturière d'une voix bienveillante et donna même des conseils à certaines pour améliorer leurs compétences. Lorsqu'elle arriva devant l'atelier de Maggy, elle s'arrêta complètement et Lidia se sentit obligée de baisser les yeux.

- Lidia ?

La jeune femme releva la tête et croisa le regard émeraude de son employeuse.

- Est-ce votre création ?

- Oui Madame.

Elena Thifany ne releva pas le « Madame », perdue dans la contemplation de la robe rouge et or créée par Lidia. La base du vêtement était une simple robe de soie carmin mais à partir de la taille, Lidia avait cousu des centaines de plumes dorées qui plongeaient en coupole jusqu'au sol. Un nœud de satin décorait l'épaule gauche et un fin cordon bordeaux attachait le corset.

- Sublime.

Elle termina le tour des ateliers puis, arrivée au bout de l'allée, se retourna et annonça d'une voix fière et claire :

- Mesdames, mesdemoiselles... nous avons maintenant trois pièces signature.

Des murmures extasiés s'élevèrent dans la pièce et Elena attendit patiemment qu'ils s'atténuent pour continuer.

- Manon Connors, Zélie Jallerat et... Lidia McOrell.

Lidia imita les deux autres couturières qui apportaient leurs créations dans une autre pièce dédiée exclusivement aux pièces signature. Les trois robes vinrent la remplir et Lidia se dit que la pièce devait être époustouflante lorsque toutes les pièces signature s'y trouvaient.

- Bien, Mesdames ? Je vous félicite pour votre excellent travail. A présent, rentrez chez vous et reposez-vous bien.

Elle s'avança de quelques pas avant de s'arrêter net.

- Ah oui, avant que j'oublie : petite information pour les nouvelles arrivantes. Vous entrez tous les matins par la grande porte du manoir. Je tiens à ce que l'on voit qui travaille pour moi, aussi je vous demanderai de porter des tenues correctes et propres. Si vous n'en avez pas, ou si vous n'avez pas les moyens de vous acheter suffisamment de vêtements, vous êtes autorisées à utiliser les chutes de tissus et les invendus pour vous en fabriquer. C'est tout pour ce soir.

A cette annonce, Lidia se retint de hurler de joie. Elle courut dans l'entrepôt où étaient stockées lesdites chutes de tissus avant leur départ pour la décharge publique et choisit un sac au hasard parmi la vingtaine. La jeune femme sortit du manoir, le sac sur son épaule et marcha gaiement jusque chez elle en imaginant les manteaux et les robes qu'elle pourrait se confectionner.

***

Elena marchait prestement dans les longs couloirs du manoir, l'estomac noué et une perle de sueur sur la tempe. La peur la tenaillait et lui coupait l'appétit, comme tous ces maudits soirs mais cette fois, pas question pour elle de se défiler. Ses parents lui rendaient visite et elle devait faire bonne figure devant eux et essayer d'oublier son mari. Elijah. Son nom électrisait son échine tant elle avait peur de lui. Au manoir, les mauvaises langues racontaient à qui voulait l'entendre que leur nuit de noces n'avait pas été des plus idylliques.

Thifany- le sort d'une dynastieWhere stories live. Discover now