Chapitre 25

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Elena sentit le matelas s'affaisser. Elle soupira et ouvrit péniblement les yeux. Son époux était assis à côté d'elle, une lettre à la main. En reconnaissant la feuille, Elena se redressa d'un coup et l'arracha des mains de son mari.

- Ne me fait pas croire que cette lettre n'a rien à voir avec ton état.

- Je rêve ou tu as fouillé dans mes affaires.

- Ni l'un ni l'autre. Mes livres sont rangés à côté de ta robe de bal.

La jeune femme baissa les yeux et murmura :

- Tu n'aurais pas dû la lire.

- Au contraire, je crois que j'ai très bien fait. Elena, quand comptais-tu me le dire ?

Elle secoua la tête. Quelques larmes roulèrent sur ses joues avant qu'elle ne redresse les épaules pour confronter Elijah.

- C'est humiliant, cria-t-elle, tu crois que ça me fait plaisir de recevoir ces lettres ?

- Je n'ai pas dit ça, répondit Elijah sur un ton doux, mais au vu de ce qu'elle t'écrit, tu aurais dû m'en parler.

Elena se détourna, les yeux rouges et la mine éteinte. Son mari posa une main sur son épaule et l'attira contre lui.

- Les problèmes, ça se règle à deux, Elena. C'est comme ça que le mariage fonctionne. Que ce soit les biens, les joies, les peines et les soucis, tout est partagé. Tout, sans exception.

Elle leva ses beaux yeux verts larmoyants vers lui et Elijah sentit son cœur fondre. Il la serra contre lui et l'embrassa tendrement sur le front avant de poursuivre :

- Et puis, si on est deux, on trouvera deux fois plus de solutions.

La jeune femme esquissa un faible sourire qui disparut un court instant plus tard.

- En fait, ce n'est pas la première fois qu'elle m'écrit ce genre de lettre.

- Depuis quand ?

- Eh bien...

Elena avait du mal à le lui annoncer. Elle se sentait honteuse et même gênée. La relation qu'elle entretenait avec sa mère ressemblait plus à une hiérarchie patron/employé plutôt qu'à une véritable relation mère-fille. Elle soupira et répondit :

- Depuis qu'elle s'est rendue compte que notre mariage ne lui avait pas rapporté un sou.

- Soit un peu plus de deux ans.

- Oui.

- Elena, elle te harcèle ! Si jamais tu reçois une autre de ses lettres, promets-moi de me le dire, d'accord ?

- Oui, je... c'est promis.

***

- Mais c'est immense !

Lidia et Tristam avaient amené les triplés dans leur nouvelle boutique et les garçons couraient dans tous les sens, étonnés par autant d'espace.

- Ce n'est pas si grand, tempéra Lidia, une fois les présentoirs et les mannequins installés, la boutique sera déjà bien pleine.

- Vous avez commencé une collection ?

- On peut la voir ?

- Oh là, doucement, intervint Tristam, vous verrez notre collection en même temps que tout le monde. Vu ?

La jeune femme éclata de rire et entraina les garçons à l'extérieur.

- Il nous reste encore du travail, expliqua-t-elle, vous devrez être patients.

- Plutôt demander à un éléphant de jouer Clara dans « Casse-noisette ».

Lidia sourit et regarda les enfants rentrer chez eux en se chamaillant. Tristam soupira et enlaça sa fiancée. Elle se blottit dans ses bras tandis qu'il lui caressait les cheveux. Une heure plus tôt, ils s'étaient disputés au sujet de la collection qui ravissait tant les frères de Tristam. Le désaccord avait très mal fini et Lidia s'était mise à pleurer. Maintenant, elle se sentait en sécurité dans les bras de son fiancé. Ce dernier avait du mal avec un certain mot et Lidia savait que ce câlin et le café vers lequel il l'entrainait était sa façon à lui de lui dire « je t'aime ».

- Je suis désolée d'avoir crié, commença la jeune femme en s'asseyant, je n'aurais pas dû et...

- C'est plutôt à moi de te demander pardon, s'étonna Tristam en l'embrassant sur la joue.

- Eh bien, ma mère m'a toujours appris que, dans un conflit, il y a toujours une part de responsabilité de chaque côté. Alors je m'excuse.

Tristam lui prit la main et y déposa un baiser.

- Je te promets de ne plus jamais élever la voix, ma chérie.

- Ne fais pas de promesses que tu n'es pas sûr de pouvoir tenir.

Il sourit en notant l'amusement dans la voix de sa dulcinée et reprit :

- A chaque fois que je crie j'ai l'impression de devenir comme mon père alors, tu as ma parole : je ferais tout ce que je peux pour que cela n'arrive plus jamais.

Lidia riva son regard dans le sien et lui murmura :

- Tu n'es pas ton père. Tu ne le seras jamais...

- Lidia...

- Sais-tu pourquoi j'en suis sûre ?

Tristam secoua la tête, intrigué.

- Parce que, toi, tu prends soin de ta famille. Et tu ne lui ressemble pas, je t'assure que je n'ai pas eu peur une seule seconde. J'ai confiance en toi, mon chéri.

Un serveur arriva à cet instant pour déposer leur commande et disparut une seconde plus tard.

- Merci ma belle, lança Tristam en caressant la main de Lidia, tu sais que...

Il s'interrompit brusquement, lui sourit et lâcha sa main. La jeune femme la rattrapa et déposa un baiser au creux de sa paume.

- Je sais, murmura-t-elle en relevant les yeux, moi aussi je t'aime, Tristam.

Elle espérait qu'en le lui disant, il parviendrait à se détacher des horreurs qu'il avait vues dans son enfance. Lidia désirait le sauver, lui montrer qu'il n'était pas prisonnier des actes d'un homme sans cœur et sans âme. Mais Tristam le voulait-il ?

***

Le soleil n'allait pas tarder à se coucher et ses rayons coloraient la mer de rouge, d'orange et de jaune. Les passagers se promenaient tranquillement sur le pont du navire en savourant le spectacle coloré qui se déroulait sous leurs yeux. Elena se tenait au bastingage, soutenue par Elijah, et contemplait la mer avec un sourire rêveur.

- On dirait que les vagues sont en feu, murmura-t-elle.

Elijah sourit et l'embrassa sur la tempe. Il leur restait encore trois jours de voyage en mer et il espérait que la jeune femme ne soit pas malade tout au long de leur périple. L'air iodé semblait lui redonner des couleurs et il sentait qu'Elena tenait un peu mieux sur ses jambes. Elle restait pourtant fragile. Indy tira brusquement sur sa laisse et déstabilisa la jeune femme. Elijah la retint et récupéra la laisse du chiot.

- Tout va bien ?

Elle hocha la tête, une main sur son front et son mari décida de la ramener dans leur cabine. Ils croisèrent d'autre passagers dans les coursives mais, dans l'urgence, ils ne reconnurent pas l'homme et la femme qui se retournèrent sur leur passage.

Thifany- le sort d'une dynastieWhere stories live. Discover now