Chapitre 43

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La jeune femme et les triplés marchèrent d'un bon pas jusqu'à la gare. Lidia se souvenait de son arrivée à Helldenheim comme si c'était hier. Elle se rappelait qu'à ce moment-là, tout lui avait semblé merveilleux et nouveau. Aujourd'hui, elle déchantait de la plus cruelle des manières. Se rendant compte qu'elle courait tout droit au désastre en restant avec son mari, elle avait choisi de partir, emmenant les garçons avec elle pour leur éviter une vie semblable à celle que Tristam et elle leur avait fait quitter. Lidia paya quatre billets pour Faray, son village natal, où vivait encore sa famille, et le quatuor grimpa dans le train. Léo et Maxence s'installèrent côte à côte sur une banquette, face à Joseph et Lidia. Le contrôleur passa dans l'allée une demi-heure plus tard et le train se mit en marche lentement. La jeune femme regardait les bâtiments défiler un à uns, les larmes aux yeux. Peu à peu, le train prit de la vitesse et il devint impossible de faire machine arrière. Ils arriveraient à Faray en soirée et Lidia n'avait plus qu'à espérer qu'elle parviendrait à oublier Helldenheim, la ville maudite : poison pour les couples et cité des hypocrites.

***

Elijah fut attiré dans la pièce par un chant aussi doux que de la soie. Elena était accroupie devant le mur blanc et y peignait en fresque des oiseaux colorés sans se douter une seule seconde que son mari l'observait à la dérobée. Il entra dans la pièce censée accueillir leur enfant et se pencha pour embrasser sa femme au sommet de sa tête. Elle gloussa doucement en se tournant vers lui.

- Est-ce que ça te plait ?

- Oui, tu es très douée, ma chérie.

Elena prenait plaisir à décorer les murs de la chambre et avançait lentement dans sa peinture, déterminée à ne léser aucun détail. En parallèle, elle avait déjà commencé à coudre des rideaux, des couvertures et de minuscules chaussettes blanches. Elijah glissa ses mains sur le ventre de sa femme, encore plat.

- Sois patient, dit-elle en lui souriant, moi aussi j'ai hâte mais ça ne le fera pas arriver plus vite.

- Si seulement !

- Ah non, s'exclama-t-elle d'une voix rieuse, tu imagines ce que je devrais endurer en si peu de temps ?

Son mari éclata de rire et commença à la chatouiller. Ils furent interrompus par quelques coups frappés à la porte. C'était Nelia, Idras et Zireg qui apportaient le berceau commandé quatre jours plus tôt. Elena bondit de joie et aida Zireg et Idras à l'installer. Nelia lui apporta les rideaux qu'elles avaient cousus ensemble et la jeune femme les accrocha au-dessus du lit, aidée d'Elijah, sans cesser de fredonner ce petit air que son père lui chantait si souvent. Il y a deux mois, le souvenir de cette mélodie l'aurait fait pleurer, mais aujourd'hui, il lui apparaissait comme un doux souvenir qu'elle avait hâte de partager avec son mari et son enfant.

Une nuit, Elena se réveilla d'un coup. Elle se leva et descendit dans la cuisine en bâillant, à la recherche d'une mangue. La jeune femme entendait son estomac gargouiller mais elle eut beau chercher dans tous les recoins de la cuisine, pas moyen de dénicher le fruit voulu. Il y avait des ananas, des kumquats, des dattes et des figues mais rien de ce qui se trouvait dans le panier d'osier ne lui faisait envie.

- Tu as mangé la dernière ce matin.

Elena sentit un tourbillon d'émotions se bousculer en elle. La jeune femme ressentit d'abord de la colère, puis de la frustration avant d'éclater en sanglots et de se jeter dans les bras de son mari. Ce dernier la consola comme il put et lui promit de l'emmener au marché le lendemain à la première heure pour remplir le stock de mangues. Au matin, Elena refusa d'avaler quoi que ce soit et Elijah n'eut d'autre choix que de partir au plus vite. Nelia, en matinale assidue, les accompagna, un grand panier sous le bras. Une fois remplit, Elena insista pour le porter elle-même et Elijah céda, surprit de voir sa femme aussi têtue.

Thifany- le sort d'une dynastieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant