Chapitre 24

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Le fiacre avançait rapidement dans les rues désertes en direction du port. Elena n'avait pas enlevé sa belle robe de bal verte et or, et sommeillait contre son mari qui regardait la neige tomber à travers les vitres. Les deux chevaux bais trottaient à vive allure sous les encouragements du cochet. Derrière eux, suivait un chariot contenant leurs malles de voyage, prêtes à partir avec eux vers le sud. Au moment de passer les remparts, Elijah adressa un « adieu » silencieux à la ville qui les avait vus grandir, Elena et lui, puis renonça définitivement à y revenir un jour. Le voyage en bateau durerait plusieurs jours, puis ils prendraient le train pour, enfin, arriver à Bak'wanna, leur destination finale. Elena n'avait plus rien qui la retenait à Helldenheim. Elijah, lui, avait l'impression d'abandonner ce pour quoi ses ancêtres s'étaient battus : entrer dans le monde de la noblesse. Mais après tout... qui a dit qu'il ne pourrait pas tracer son propre chemin ?

***

- Réveille-toi, mon ange.

Elena ouvrit péniblement les yeux et s'étira du mieux qu'elle put. Son mari l'aida à descendre du fiacre et la couvrit d'une cape de laine.

- Merci, dit-elle, comment as-tu su que j'avais froid ?

- Je m'en suis douté.

Le bateau de croisière trônait face à eux, imposant et majestueux. Elena serra Anna, sa femme de chambre contre elle, triste de se séparer d'elle, tandis que des marins chargeaient leurs bagages à bord.

- Au revoir Madame et prenez soin de vous !

- Toi aussi ma chère Anna.

Elijah lui tendit la main et elle y glissa la sienne avec une appréhension qu'elle tenta vainement de lui cacher. Ils montèrent à bord du navire et furent accueillis par le capitaine en personne qui les mena jusqu'à leurs quartiers. Elena serrait sa cape contre elle, triste et ne s'en sépara pas même lorsqu'elle fut à l'abris que vent, dans les coursives. Le couple retrouva ses affaires dans leur cabine et s'y installa pour la nuit, remettant au lendemain ce qui pouvait attendre. Vingt minutes plus tard, le paquebot quitta le port, en direction du sud. Elena était roulée en boule dans sa cape, couchée sur le lit double aux draps de soie. Indy l'avait rejointe en chouinant, apeuré par les mouvements du navire. Lorsqu'Elijah revint dans la chambre, il soupira en voyant sa femme aussi triste. Il l'aida à se lever et à se débarrasser de sa robe encombrante, puis lui fit enfiler une robe de nuit en lin avant de faire glisser les draps sur elle. Il la rejoignit quelques instants plus tard et l'enlaça. Elena se blottit dans ses bras et laissa quelques larmes couler sur ses joues.

- Ne t'inquiète pas, murmura Elijah en lui caressant les cheveux, tout ira bien, je te le promets.

Ce n'est qu'à l'aube qu'Elena parvint enfin à s'endormir.

***

Lidia ne s'était pas levée aux aurores ce matin. Elle n'aurait plus jamais à le faire. Le manoir Thifany allait être mis en ventre dans l'après-midi et tous les employés avaient été licenciés la veille. Les boutiques étaient fermées, les invendus, distribués au personnel en dédommagement et les patrons... partis loin d'ici. La jeune femme s'habilla en fredonnant, et sortit de chez elle pour retrouver son fiancé. Le matin, ils avaient l'habitude de se retrouver à neuf heures devant un café où ils prenaient un petit-déjeuner ensemble. Mais aujourd'hui, Tristam avait du retard. Lidia l'attendit dix bonnes minutes avant de le voir apparaitre au détour d'une rue.

- Désolé, lança-t-il lorsqu'il arriva à sa hauteur, on a eu un gros problème hier soir et je...

- Eh, le coupa Lidia, tout va bien, ce n'est pas grave. Respire, mon chéri.

Thifany- le sort d'une dynastieWhere stories live. Discover now