Chapitre 3

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Lidia arriva dans la cour du manoir d'un pas guilleret et rejoignit Maggie qu'elle avait repérée de loin.

- Bonjour, la salua-t-elle d'une voix chantante, comment allez-vous ce matin ?

 - Très bien Lidia, répondit Maggie, et, s'il te plait, tutoies-moi, je me sentirais moins vieille.

- Vieille ? Allons Maggie, tu es juste jeune depuis plus longtemps que les autres !

Elles éclatèrent de rire et franchirent gaiement les imposantes portes du manoir qui venaient de s'ouvrir. Le groupe de couturiers se scinda en deux, puis Lidia et Maggie pénétrèrent dans l'atelier. Toutes les couturières se mirent au travail sans que personne n'eut besoin de le leur commander. Maggie, installée devant sa machine à coudre, fredonnait un air léger qui donna le sourire aux couturières qui l'entendaient. Lidia s'était adossée au petit atelier et dessinait, la mine concentrée. La jeune femme s'étonnait de ne pas voir leur patronne arriver mais, absorbée par son travail, ne prit pas le temps de s'en préoccuper. Soudain, les grandes portes de l'atelier s'ouvrirent et toutes les couturières levèrent le nez, prêtes à saluer chaleureusement Elena. Le silence s'ensuivit, choqué, lorsqu'Elijah s'avança dans l'allée principale. Lidia se surprit à prier pour qu'il ne s'arrête pas devant elle, ce qu'il fit une minute plus tard.

- Reprenez votre travail, lança-t-il à l'attention des couturières avant de poursuivre sur le ton de la confidence, Maggie, mon épouse a eu une nuit mouvementée... pourriez-vous monter la voir ?

- Bien sûr Monsieur, s'empressa de répondre l'intéressée, l'ennui c'est que je dois superviser Mademoiselle Lidia, et...

- Qu'elle y aille avec vous !

- Entendu.

Maggie délaissa sa machine à coudre et fit signe à Lidia de la suivre. Elles quittèrent l'atelier d'un pas rapide et montèrent les grands escaliers. Maggie guida Lidia à travers d'immenses couloirs luxueusement décorés jusqu'à un lourd rideau rouge qu'elle franchit sans un mot. Le silence qui régnait dans le manoir était si poignant que Lidia, malgré toutes les questions qui tourbillonnaient dans sa tête, ne put se résoudre à le briser. Elle s'aperçut alors que la décoration avait changé. Si le reste du manoir traduisait la satisfaction, le luxe et le pouvoir, derrière ce rideau carmin, régnait une ambiance totalement différente. Les meubles étaient en bois clair, les rideaux aux fenêtres couleur crème illuminaient les pièces et les tapis persan au sol réchauffaient le tout. Des bouquets de roses étaient répartis avec goût, un peu partout sur les meubles et Lidia s'étonna d'en voir autant. Maggie s'arrêta devant une double porte peinte en blanc cassé et or, puis frappa doucement. Une femme de chambre vint leur ouvrit et leur offrit un sourire triste en s'effaçant pour les laisser entrer. Lidia et Maggie se retrouvèrent dans un boudoir élégant aux teintes claires. Il y avait une grande fenêtre donnant sur un balcon fleuri et une grande table ronde au centre de la pièce sur laquelle reposait un bouquet de fleurs et un plateau contenant un petit-déjeuner à peine entamé. A gauche, il y avait un lit à baldaquin aux draps de soie et Lidia reconnut Elena, allongée sur le ventre, un bras sous son coussin, endormie, les yeux rouges.

Elle a pleuré toute la nuit !

Maggie s'approcha doucement de la jeune femme et effleura sa joue. Elle ouvrit ses beaux yeux verts dans lesquels brillait une tristesse immense et profonde. Les deux femmes se fixèrent un instant, puis Elena éclata en sanglots tandis que Maggie la réceptionnait dans ses bras en lui murmurant des paroles rassurantes. Lidia ne savait plus où se mettre. Devait-elle sortir ou, au contraire, rester ? Deux femmes de chambre entrèrent dans le boudoir, une robe bleu minéral sur les bras. Elena se leva, des larmes plein les yeux, et les laissa l'habiller, la mort dans l'âme.

Thifany- le sort d'une dynastieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant