Thifany- le sort d'une dynastie

Chapitre 33

La boutique ouvrait ses portes pour la première fois ce matin et l'émotion était à son comble. Tristam et Lidia démarraient leur vie ensemble dans tous les sens du terme, et le jeune couple n'en revenait toujours pas. La collection crée par Lidia avait été annoncée aux quatre coins de la ville et le fait que la jeune femme ait travaillé pour la maison Thifany ajoutait du prestige à leur label. Pourtant, au bout de deux heures, aucun client n'était entré. Lidia était accoudée au comptoir et soupirait, découragée.

- Pourquoi personne ne vient ?

- Sois patiente, ma chérie, lui répondit Tristam qui arrangeait un rayon de foulards, il faut savoir s'ennuyer dans ce métier.

L'ennui ? Pas question ! Lidia attrapa un calepin et un crayon, puis commença à dessiner. Les minutes s'égrenèrent à toute vitesse et il se passa une bonne demi-heure avant que la jeune femme ne s'installe devant sa machine à coudre. Leur boutique faisait office d'atelier de couture, ce qui était très pratique pour s'occuper des clients et travailler sur les collections en même temps. Les heures passèrent et personne n'entrait dans la boutique. Tristam eut même le temps d'aller acheter des cafés et de revenir sans qu'aucun client n'ait pointé le bout de son nez. Puis, soudain, alors que Lidia avait définitivement abandonné l'idée de voir quelqu'un entrer, la clochette au-dessus de la porte tinta gaiement. Une femme d'un certain âge, vêtue d'un élégant manteau de fourrure et de bottines de cuir, se promena entre les rayons de la petite boutique, admirant les mannequins qui présentaient les pépites de la collection, puis, après quelques observations, se dirigea vers le rayons des foulards, que Tristam venait tout juste de quitter. Le silence régnait dans la boutique, un silence tendu pour le jeune couple qui se demandait comment leur première cliente allait réagir. Lorsque celle-ci s'approcha du comptoir, un foulard bleu et blanc en main, Lidia la prit en charge, le sourire aux lèvres.

- Votre boutique est charmante, commenta la femme en promenant son regard sur les murs peints, je la trouve très chaleureuse.

- Merci beaucoup Madame, répondit Lidia en inclinant légèrement la tête, nous proposons à nos clients un système de fidélité qui leur permet d'accumuler des points pour payer moins cher lors de la sortie d'une nouvelle collection, est-ce que...

- Bien sûr, s'empressa-t-elle de répondre, combien cela coûte-t-il ?

- Dix pièces de plus, Madame. Mais comme vous être notre première cliente, nous vous l'offrons à cinq.

Les pièces d'argent tintèrent sur le comptoir de bois tandis que Tristam inscrivait le nom de leur cliente sur le carnet de fidélité, jusqu'alors complètement vide.

- Je parlerai de votre adorable boutique à mes amies, lança la cliente en sortant, je suis certaine qu'elles l'adoreront.

Lidia et Tristam se regardèrent et se jetèrent l'un contre l'autre.

- Tu vois, je t'avais dit qu'on aurait des clients aujourd'hui.

S'il savait combien il avait raison... Quelques minutes plus tard, un homme d'une trentaine d'années entra, suivi d'une petite fille d'environ dix ans. La fillette parcourut le rayon enfant en sautillant tandis que trois autres personnes apparaissaient dans la boutique.

- Et dire qu'il suffisait d'une seule cliente pour que d'autres apparaissent, murmura Lidia en préparant un grand sac orné de leur logo.

La petite fille et son père déposèrent six robes sur le comptoir dont une destinée aux adultes.

- C'est pour une occasion spéciale, demanda Tristam en encaissant l'argent.

- On va faire un cadeau à maman, lança la petite fille de sa voix flutée, elle va être trop contente !