Chapitre 45

11 0 0
                                    


Cinq mois plus tard, Lidia se réveilla un matin avec une étrange sensation dans le bas de son ventre. Elle sourit, pour la première fois depuis longtemps, en se disant que son bébé n'allait plus tarder. Il lui restait un mois avant la fin de sa grossesse et elle avait hâte qu'elle se termine. Lidia en avait partagé chaque moment avec sa mère et les triplés, qu'elle élevait comme ses fils. Ces derniers avaient réussi à se faire une place parmi les enfants du village et un jeune homme du nom de Vincent leur avait appris à se défendre face aux garçons qui les harcelaient sous les ordres de Jenco. Celui-ci avait d'ailleurs continué d'ennuyer Lidia pendant deux mois entiers jusqu'à ce que Vincent ne lui fasse comprendre qu'il était temps de lâcher l'affaire. Contrairement à Jenco, Vincent n'avait jamais rien exigé de la part de Lidia. Il l'aidait bien volontiers et était devenu une sorte de confident pour la jeune femme qui commençait à reprendre confiance en elle.

- Si un jour tu te sens prête à démarrer une nouvelle vie, lui avait-il dit un soir, sache que je serais là pour toi.

Lidia avait hoché la tête, reconnaissante qu'il ne lui impose rien et c'était d'ailleurs ce soir-là qu'elle avait commencé à entrevoir l'avenir avec optimisme.

Ce matin-là, alors que Lidia préparait le déjeuner, on frappa énergiquement à la porte. La jeune femme lâcha son couteau et sa pomme de terre pour aller ouvrir, intriguée car les habitants de Faray ne s'encombrent jamais de telles politesses. Un homme en uniforme bleu foncé se tenait sur le seuil, visiblement loin de son environnement habituel. Ses chaussures, dont Lidia reconnaissait la marque malgré la boue qui les couvraient, avaient dues être cirées dans une autre vie...

- Je peux vous aider ?

- Est-ce que Lidia Calisto est ici ?

Entendre le nom de famille de son mari lui fit l'effet d'une douche froide. Voilà des mois que personne ne l'avait appelée ainsi.

- C'est moi, finit-elle par répondre, que me voulez-vous ?

- C'est qui, lança Danielle depuis le fond de la pièce, depuis quand on frappe à Faray ?

L'homme se racla la gorge et poursuivit.

- Madame, je suis porteur d'une triste nouvelle.

Danielle rejoignit sa fille, de plus en plus curieuse.

- Votre mari a été retrouvé mort chez lui. L'abus d'alcool l'a tué.

Lidia ne sut pas comment réagir. Sa mâchoire se décrocha toute seule tandis que sa mère plaquait une main sur sa bouche pour étouffer un cri de stupeur.

- Il..., ajouta l'homme d'une voix peu sûre, il y avait ceci à côté de lui.

Lidia prit le bout de papier plié en deux et l'objet rond et brillant que lui tendit l'homme. Son alliance et un mot « Je te demande pardon ». En lisant cela, les larmes de la jeune femmes se libérèrent enfin. Elle eut alors la certitude que cette mot avait été voulue. Tristam s'était tué.

***

- Tu crois que j'aurais dû rester ?

Vincent lui tendit une tasse de thé fumante et s'assit à côté d'elle en prenant soin de ne pas la toucher.

- Si je n'étais pas partie, il serait peut-être toujours en vie et je...

La jeune femme éclata en sanglots, les mains crispées autour de sa tasse.

- Peut-être que ça n'aurait rien changé, Lidia.

- Tu crois ?

Le jeune homme secoua la tête.

Thifany- le sort d'une dynastieWhere stories live. Discover now