Ushuara - La chasse a commencé

4 0 0
                                    


Hello ! Un petit avant-goût de cette histoire pour finir celle-ci en beauté. 

Bonne lecture les amis !

----------------------------------------------------


J'ouvre les yeux, réveillée par une envie soudaine d'aller poster une lettre. Je me redresse sur mon lit aussi silencieusement que les ressorts rouillés du matelas de l'internat me le permettent et je balance mes jambes vers le sol. Le parquet est gelé mais je n'y prête pas attention. Pour dire vrai, je suis plus préoccupée par la ronde des surveillants que par le ressenti de mes orteils. On ne vit pas en Sibérie : ils vont bien supporter de quitter la chaleur du lit pour vingt malheureuses minutes. Je me faufile le plus discrètement possible hors de la petite chambre que je partage avec deux autres filles et je me dépêche d'atteindre les sanitaires. Lorsque je regagne mon lit, j'enfonce ma tête dans mon oreiller en sachant que je ne me rendormirais pas. Tant pis : mes notes sont suffisamment élevées pour que je me permette de dormir pendant le cours de huit à neuf heures. Happée par une sorte de brume cotonneuse qui s'enroule autour de mon esprit, je laisse mon imagination dessiner toutes sortes d'histoires toutes plus farfelues les unes que les autres. Je suis si concentrée sur la licorne bleue à six têtes qui se balade dans une forêt d'arbres à hamburger, que j'en tombe de mon lit étriqué lorsque mon réveil sonne la fin du rêve. Je grommelle en giflant de mes doigts l'écran de mon téléphone, et me relève. Mes deux colocataires se lèvent à leur tour en s'étirant plus que nécessaire. Je n'ai jamais pu les encadrer et c'est largement réciproque. Aussi blondes l'une que l'autre et dans les deux sens du termes, ces deux pestes se donnent de grands air d'Instagrameuses célèbres alors qu'elles ne doivent pas avoir plus d'une centaine d'abonnés. J'enfile un jean et un T-shirt avant d'attraper mon sac de cours... bizarrement lourd. Je l'avais pourtant vidé, la veille, pour le nettoyer. En jetant un œil à l'intérieur, le mystère devient « miraculeusement » clair.

— Ok, dis-je en brandissant mon fourre-tout noir par les anses, laquelle de vous deux a rempli mon sac de déchets ?

Mes diablesses de coloc' se tournèrent vers moi, un air innocent peint sur leur visages recouvert de fond de teint.

— Franchement Anaya, commença Lucy, tu penses vraiment que j'aurais pu faire ça ?

— Et moi alors, renchérit sa comparse, ça me blesse que tu puisses imaginer ça de nous Yaya.

Je lève les yeux au ciel en vidant mon sac dans la poubelle sous mon bureau. Evidemment, elles s'y sont mises à deux !

— Cela dit, je comprends que toucher des ordures puisses vous répugner, dis-je en attrapant mes affaires de cours, il ne faudrait quand même pas que l'une de vous se casse un ongle ou pire...

Je me compose une mine horrifiée avant d'ajouter :

— Que vous ayez de la javel sur les mains ! Je vous assure, c'est grave : ça vous grignote la peau si c'est pas bien lavé et après ça laisse une tache blanche indélébile jusqu'à la fin de votre vie.

Deux cris terrifiés s'élevèrent dans la chambre tandis que les filles se bousculaient pour atteindre la salle de bains commune la première. Une chance que la nature n'ait pas doté ces deux cruches d'un peu plus de jugeotte sinon j'aurais dû me creuser davantage la cervelle pour accomplir ma petite vengeance personnelle. J'enfile ma veste en jean tout en filant vers le réfectoire. Un seul coup d'œil en direction du menu du jour sur le tableau d'affichage du couloir B me donne envie de faire demi-tour et de me passer de petit déjeuner. Pourtant, une petite voix dans ma tête me murmure tout bas que j'ai beaucoup à perdre si je ne mange rien ce matin...

J'espère qu'elle ne se trompe pas, celle-là, autrement elle va bientôt recevoir de mes nouvelles. La nourriture de ce lycée a toujours été infecte. Depuis les trois années que j'ai passées ici, le cuisto n'a jamais changé son menu, et pour l'amélioration culinaire, n'en parlons pas ! Quand la sonnerie retentit, je m'engage dans les couloirs menant à ma salle de classe où je commence ma journée chaque vendredi matin. M. Rochard, notre professeur d'art appliqués nous accueille dans cette pièce toujours aussi désordonnée que d'habitude. Je m'installe à ma place préférée : près du radiateur et de la fenêtre, juste devant le bureau du prof.

Thifany- le sort d'une dynastieWhere stories live. Discover now