Chapitre 39

4 0 0
                                    


Maggie connaissait quelques techniques anciennes pour déterminer si une femme attendait un enfant ou non. L'ayant testé sur elle, Maggie avait affirmé à Lidia que ces tests étaient majoritairement fiables. Au moment de partir, elle lui murmura :

- De toute façon, tu auras la réponse très vite en fonction de ton cycle.

Lidia hocha la tête, à la fois rassurée et inquiète. Lorsqu'elle rentra chez elle, elle trouva les triplés dans la cuisine, en train de se disputer pour savoir ce qu'il fallait préparer pour le repas du soir.

- Que se passe-t-il ici, s'écria Lidia pour couvrir leurs voix, où est Tristam ?

- A la boutique, lança Maxence en arrachant une louche des mains de Joseph, il a dit qu'il devait finir de faire les comptes.

- Et qu'il ne fallait pas l'attendre pour le dîner, ajouta Léo en sautant de la chaise sur laquelle il s'était perché pour échapper à ses frères.

Lidia se massa les tempes. Tristam avait pourtant promis d'être raisonnable !

- Bon allez, lança Lidia en récupérant la louche et le saladier que se disputaient les triplés, filez mettre vos manteaux et vos chaussures. Habillez-vous bien : nous dînons en ville, ce soir.

Un concert d'exclamations ravies retentit dans la cuisine et les triplés filèrent se préparer tels trois tornades, tandis que Lidia les regardait, la mine soucieuse, un main protectrice sur son ventre. Elle partit se changer dans sa chambre et enfila une robe confortable et très chic. Lidia ne se maquilla pas mais s'autorisa une petite frivolité en ajoutant un beau chapeau à sa tenue qu'elle avait fabriqué elle-même. Elle rejoignit les garçons dans l'entrée, ajusta leur tenue, enfila un manteau, des bottines et des gants, puis sortit de la maison, suivie des triplés. Dans la rue, certains se retournèrent discrètement sur leur passage, sans que Lidia ne s'en aperçoive. Elle avait l'air d'une grande dame, ainsi vêtue et les garçons se tenaient si bien qu'on aurait pu assurer qu'ils étaient de bonne famille. Ils dînèrent dans un petit restaurent à l'ambiance très conviviale. Quand ils retournèrent chez eux, Tristam n'était toujours pas rentré. Lidia s'occupa des enfants, puis alla se coucher, la mort dans l'âme.

***

Elijah avait décidé de tenter le tout pour le tout. Pourtant, l'angoisse de la réponse d'Elena lui coupait l'appétit. Au moment où elle sortit de la salle de bains, Elijah remarqua qu'elle prenait plus de temps que nécessaire pour se décoiffer. Oubliant un instant son anxiété, il se redressa sur le matelas et observa sa femme qui rechignait visiblement à venir se coucher. Lorsqu'enfin, elle arriva à court d'argument pour repousser le moment de le rejoindre, Elena se mit à trembler très fort tandis qu'elle se glissait sous les draps.

- Est-ce que tout va bien, ma chérie ?

- Ça dépendra de ce que tu as à me demander, répondit-elle en rivant son regard émeraude dans le sien, je vois bien que tu veux me parler que quelque chose d'important pour toi mais je te sens anxieux... comme si tu redoutais ma réaction.

Elijah sourit en se disant que, décidément, sa femme était très perspicace.

- J'ai une question à te poser, Elena. Mais avant de le faire, je veux que tu saches que si tu dis non, je ne t'en voudrais pas. Réponds-moi en fonction de ce que tu veux, toi. Pas pour me faire plaisir. D'accord ?

Elle hocha la tête, partagée entre peur et curiosité.

- On n'en a jamais vraiment discuté, surtout après notre nuit de noces..., ça aurait été franchement déplacé, d'ailleurs...

Elijah s'interrompait toutes les deux secondes, guettait la réaction de sa femme, faisait un pas en avant et trois pas en arrière. Finalement, il abandonna. La tête entre les mains, il lui murmura un « laisse tomber » las et désespéré. Elena n'avait jamais vu son mari dans un état pareil. Il avait le dos courbé, et un air abattu sur son visage qu'elle ne lui connaissait pas. Timidement, elle posa une main sur son dos nu et se rapprocha de lui. Elle sentait que le sujet était très important pour lui et Elena tenait à entendre ce qu'il voulait lui demander, peu importe de quoi il s'agissait, elle voulait l'aider.

- En as-tu parlé à quelqu'un d'autre ?

Il hocha la tête sans la regarder, comme s'il avait honte. Elena réfléchit, et une idée lui vint :

- Et si tu le disais comme si tu t'adressais à quelqu'un d'autre ?

- Elena...

- Essaie ! Qu'est-ce que ça coûte ?

Elle n'a pas tort, pensa-t-il en osant enfin la regarder dans les yeux. Pourtant, les mots étaient bloqués, incapables de franchir ses lèvres. Soudain, Elena l'enlaça et se blottit contre lui. Il entoura sa taille avec douceur et glissa une main sur sa nuque en l'embrassant sur la tempe, puis enfouit son visage dans son cou. Ils restèrent ainsi pendant très longtemps. Blottis l'un contre l'autre.

- Aimerais-tu avoir un enfant ?

***

Dans le salon du rez-de-chaussée, les inséparables turquoise volaient en duo dans leur immense volière. Nelia les observait d'un air rêveur, puis se redressa d'un coup. Elle ne l'avait pourtant pas inventé : les oiseaux venaient de chanter !

***

Elijah se réveilla à l'aube et inspira profondément. Dans la pénombre, il distinguait le corps nu de sa femme dissimulé sous le drap de soie. Elle dormait tout près de lui, paisible. La veille, Elena lui avait avoué qu'elle avait toujours voulu avoir un bébé. Il l'avait rassurée pendant des heures. Des heures de tendresse et de douceur, jusqu'à ce qu'elle se sente prête. Elena lui avait accordé sa confiance et elle ne l'avait pas regretté : elle s'était endormie avec le sourire aux lèvres, dans les bras d'Elijah qui l'avait veillé un long moment jusqu'à ce qu'il tombe de sommeil. Le soleil se levait lentement et quelques-uns de ses rayons filtraient à travers les persiennes. Elena ouvrit doucement les yeux et bâilla en s'étirant légèrement.

- Bonjour mon ange, murmura Elijah en se penchant vers elle, tu as bien dormi ?

- Oui. Et toi ?

- Comment tu te sens, s'inquiéta-t-il sans répondre à sa question, tu as mal quelque part ?

Elena secoua la tête sans masquer le sourire qui se peignait sur ses lèvres encore un peu enflées.

- Je vais bien, Elijah.

- Tu es sûre ? Je...

Il ne finit pas sa phrase, interrompu par Elena qui avait posé ses lèvres roses contre les siennes. Elijah déposa une série interminable de baiser sur le visage et le cou de sa femme qui gloussait, cramponnée à sa nuque. Elle sentit une main caresser sa hanche tandis qu'une autre s'aventurait dans son dos. Elena se laissa faire, lentement gagnée par l'euphorie. Elle se retrouva couchée sur le dos, et fixait le beau regard azuré de son mari qui ne se lassait pas d'elle. Soudain, un grincement se fit entendre et un couinement étranger s'éleva dans la pièce. Le couple se sépara en vitesse, Elena en criant de peur et de surprise, Elijah... franchement frustré d'avoir été interrompu.

- Bon sang, Nelia, s'écria-t-il, tu aurais pu frapper avant d'entrer !

La fillette affichait une mine partagée entre honte, et gêne extrême. Elena se souvint alors de la conversations qu'ils avaient eue dans l'atelier quelques jours plus tôt.

- Tout va bien Nelia ?

Elena voyait le visage de la petite fille se décomposer de plus en plus. Elle avait l'air choquée. Sans un mot, elle secoua vivement la tête, puis tourna les talons avant de détaler comme un lapin. Elena et Elijah se regardèrent, sans trop savoir que penser de la situation. 

Thifany- le sort d'une dynastieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant