Chapitre 20

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 Zélie pleurait à chaudes larmes, blottie contre Lidia qui tentait tant bien que mal de la consoler.

- Et si on nous chassait ?

- Mais non, intervînt Maggie d'une voix douce, Elena nous a invitées personnellement, personne ne nous mettra à la porte.

- Et puis, renchérit Lidia, si on nous demande la raison de notre présence, nous n'aurons qu'à répondre que nous nous estimons en droit de voir le résultat de notre dur labeur !

Zélie renifla et se redressa, un fin sourire étirant ses lèvres. Elle hocha la tête et serra Lidia dans ses bras.

- Tu es rassurée ?

- Oui. J'ai eu une très mauvaise expérience qui est restée gravée dans mon esprit.

- Ne t'inquiète pas, lança Maggie, tout se passera bien, tu verras !

Quelqu'un frappa dans ses mains, faisant sursauter les couturières qui se retournèrent et tombèrent nez à nez avec un majordome en smoking.

- Mesdemoiselles, Mesdames, il est plus que temps de vous mettre au travail. Les retouches ne vont pas se faire toutes seules.

Les couturières obéirent en devisant et un joyeux brouhaha emplit l'atelier. Plus que deux jours avant le grand soir et la tension était palpable dans le manoir.

***

Elena somnolait, blottie contre Elijah. Le silence régnait dans la chambre tandis que le soleil disparaissait lentement derrière l'horizon. La porte s'ouvrit soudain dans un grincement léger et une servante entra, un plateau rempli de nourriture à la main. Une petite boule de poils se faufila entre ses mollets et manqua de la faire tomber en se précipitant vers le lit ou sa maîtresse était couchée. Les jappements du chiot réveillèrent la jeune femme qui se redressa pour le prendre dans ses bras. Elijah ouvrit les yeux à son tour et sourit en voyant sa femme caresser le petit chien avec un large sourire. La servante posa son plateau argenté sur la table et s'éclipsa discrètement.

Après le dîner, Elena emmena Indy dans les jardins du manoir. Le chiot courut à toute vitesse après le bâton qu'elle lui lançait en riant, et se retrouva souvent les quatre pattes en l'air. A l'étage, Elijah bataillait avec les factures et les documents de saisie. Lorsqu'il sentait l'agacement monter, il se levait de son bureau en chêne sombre et regardait par les grandes fenêtres de la pièce, d'où il pouvait contempler sa femme, jouant et riant à gorge déployée. Il faisait presque nuit, mais des centaines de lampions avaient été allumés dans les jardins, ce qui lui permettait de la voir. Les lumières jaunes et orangées se reflétaient sur sa belle peau nacrée et sur sa longue chevelure blonde. Elle était belle !

- Monsieur ?

Elijah soupira et se retourna un peu trop vivement, frustré d'avoir été interrompu dans ses rêveries. Le majordome, conscient qu'il tombait mal, se hâta d'annoncer la raison de sa venue :

- Messieurs de Rogues et de Latour sont ici et demande à vous voir. Ils patientent dans le petit salon au rez-de-chaussée.

- Les banquiers ? A cette heure ?

- Tout à fait, Monsieur.

- Bon, faites-les monter. De toute façon ils ne me lâcheront pas tant qu'ils n'auront pas eu ce qu'ils veulent.

Le majordome sortit et se dépêcha de conduire les deux hommes dans le bureau d'Elijah. Ce dernier appela un autre serviteur dès que la porte fut refermée et lui donna une série d'ordres précis :

- Marc, déplacez tout ce que ma femme possède de précieux dans la « salle secondaire ». Faites-la rentrer et dites-lui de rester dans notre chambre, de ne surtout pas en sortir. Cachez l'argenterie et les épées qui décorent la cheminée du salon bleu.

Thifany- le sort d'une dynastieWhere stories live. Discover now