Chapitre 5 - Florian

5.5K 340 154
                                    

Contre un arbre dans la cours du lycée, je regarde Aiden partir. Il refuse de me pardonner. Je m'en doutais un peu, mais je suis quand même triste. Je baisse la tête, ramasse mon sac et sors du lycée. J'ai besoin de penser à autre chose, là, maintenant. Tant pis pour les cours de cette après-midi.

Je flâne sans but dans les rues, regardant tout autour de moi, repérant quelques endroits qui pourraient être mon échappatoire pour m'isoler de temps à autre. Il y a un ancien parc abandonné, qui pourrait faire l'affaire. Je n'y voit personne, donc si j'ai besoin de réfléchir, je pourrait venir ici, je pense, sans qu'on ne vienne perturber le silence qui règne.

J'arrive chez moi après presque une heure de marche. Le lycée est à une petite demi-heure de chez moi, donc je n'ai pas trop traîné en route. Je pousse la porte d'entrée, monte à l'étage poser toutes mes affaires dans ma chambre, sur mon lit. Je ne retournerai pas au lycée aujourd'hui. Je ne peux pas. Voir Aiden sans pouvoir lui parler serait bizarre.

Je redescends ensuite au salon, où je surprends mes parents en pleine conversation. Je reste derrière le mur pour les écouter. Je sais que ce n'est pas bien d'écouter les gens à leur insu, mais je veux savoir de quoi ils parlent. Certainement de moi, comme d'habitude.

"Philippe, je ne vois pas pourquoi tu réagis comme ça...

- Madeleine, te rends-tu compte de ce qu'il est !?

- Oui, et il est toujours mon fils !

- Ce n'est plus le mien ! Plus depuis qu'il nous l'a dit ! Ton fils n'est qu'une tapette ! Une pédale, et un bon à rien ! Il est une erreur de la nature.

- Et toi, tu n'es qu'un con !, renchérit ma mère."

J'entends le bruit d'une rencontre peau à peau. À mon avis, ma mère a giflé mon père. Quand je comprends que l'un d'eux sort de la pièce, je monte dans ma chambre. J'ai les yeux qui me brûlent et je commence à voir flou.

Je claque la porte de ma chambre et me jette sur mon lit, la tête dans l'oreiller. J'ai besoin d'évacuer. Cela fait presque un mois que c'est ainsi, tous les jours. C'est pour cette raison que l'on a déménagé. Ça commençait a s'ébruiter dans notre ancienne rue. Les larmes coulent silencieusement le long de mes joues. Je déteste pleurer, mais là j'en ai besoin.

Ma porte s'ouvre. Je retiens ma respiration. Je déteste encore plus quand on me voit pleurer. J'entends le parquet de ma chambre grincer sous le poids de la personne qui est entrée, puis mon matelas bouge. Une main se pose dans mes cheveux et descend jusqu'à mon dos.

"Mon chéri..."

Je craque. Je me relève et m'enfonce dans les bras de ma mère pour pleurer et craquer comme jamais je ne l'ai fais auparavant. C'est très élégant... Je suis sûr que j'ai de la naze qui coule de mon nez, je renifle, et je dois avoir les yeux rouges et gonflés. Ma mère caresse mes cheveux d'une main et mon dos de l'autre.

"Fais un sac, on va partir. Ça ne peut plus continuer comme ça. Je vais aider Rémi.

- On...on va où ?, je demande d'une voix plus aigüe qu'à mon habitude.

- Chez Natacha. Je lui ai téléphoné avant de venir te voir."

Je hoche la tête. Elle embrasse mon front, me sourit puis sort de ma chambre, pour certainement aller dans celle de mon frère et l'aider à faire son sac.

Chose étonnante, elle ne m'a rien dit pour ne pas être allé au lycée cette après-midi, et aussi, qu'est-ce que fait Rémi à la maison alors qu'il devrait être à l'école ? Il s'est passé quelque chose ce matin ?

Je sèche mes yeux et mes joues avec mes manches, puis prends un mouchoir pour me moucher. Je ne vais pas rester avec le nez dégoulinant de morve !

Je crois... Que je suis gay... Où les histoires vivent. Découvrez maintenant