Chapitre 14 - Aiden

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Euh... je comprends pas. Les larmes coulent sur ses joues, qu'elle essuie rageusement.

"Quoi...?

- Je t'aime Aiden. Tu ne l'as pas vu. Je suis invisible a tes yeux, c'est ça ?  Ne dis rien. Tu crois que ma soeur est venue te voir pour quoi ? Pour ta super personnalité ? Ton humour ? T'es juste asocial comme mec ! Si on est venu te voir, c'est parce que tu nous faisais pitié, rien d'autre. Et puis je t'ai vu autrement. Comme un beau garçon. Mais toi... toi tu ne voyais personne. Et là j'apprends quoi ? Que t'es un putain de pédé !"

Ce qu'elle me dit me blesse. J'ai déjà peur de leur dire, et elle m'enfonce là-dedans. Je ferme les yeux pour contenir les larmes qui veulent s'échapper de ceux-ci avant de la regarder froidement.

"Tu sais pourquoi personne ne te voit ? T'es qu'une petite pute qui ne pense qu'à elle et qui ne prend pas en compte les sentiments des gens."

Je la regarder de haut en bas avant de sortir du lycée. Je ne me sens pas bien, et je n'ai plus le moral pour aller en cours. Dakota, Ryann et Florian m'appellent, mais je poursuis ma route.

Il y a une main qui s'enroule autour de mon poignet et me fait me retourner. Florian me fait face. Il pose sa main sur ma joue, et même si on est au centre de la cour, son contact m'apaise.

"Bébé... je...

- Va en cours. J'ai besoin d'être seul.

- T'es sûr ?

- Oui.

- Tu... tu fais pas de connerie."

Je souris puis fais demi-tour pour sortir du lycée. Je sors mon téléphone de ma poche, ainsi que mes écouteurs, et enclenche la musique. Je fais la route à pieds. Je n'ai pas envie de prendre le bus de ville. Surtout que je suis sur le point de craquer.

•••

J'arrive chez moi après presque une heure et demie de route. Le lycée a appelé ma mère, qui m'a ensuite appelé. Je lui ai dit que j'étais malade, et elle n'a pas cherché plus loin.

J'ouvre la porte, la ferme derrière moi puis retire mes chaussures et ma veste que je lance au sol avant de courir jusqu'à ma chambre. Je me jette sur mon lit, la tête dans mon oreiller, et je craque. Je n'arrive pas à arrêter de pleurer. Ça doit faire des bruits bizarres à entendre, mais comme je suis seul, je ne m'en formalise pas. Mon oreiller est vite trempé.

•••

Des papouilles dans mes cheveux me réveillent. Je tourne la tête et plonge mes yeux dans ceux presque noirs de Florian. Il continue ses caresse en souriant.

"Tu vas mieux ?

- Non..."

Il s'allonge sur le lit et je pose ma tête dans son cou, mon nez contre sa peau. Sa main s'active encore dans mes cheveux.

"Tu t'en fous de Sidney. Okay ? Ryann l'a virée du groupe.

- Comment ?

- Il lui a dit que tu étais notre ami, que si elle n'acceptait pas ton orientation sexuelle elle n'avait qu'à partir. Et c'est ce qu'elle a fait.

- Et elle a dit quoi ?"

Il ne répond pas et se muscles se contractent.

"Flo ?"

Il soupire et ouvre la bouche.

"Qu'elle te ferait vivre un enfer... Elle veut dire à tout le lycée que tu es gay."

Un sanglot se coince dans ma gorge.

"Je suis désolé bébé... J'aurai aimé faire quelque chose... Ça m'est déjà arrivé au collège, et... je n'ai pas su quoi faire. 

- C'est rien."

Il me repousse et se lève du lit avant de crier.

"Non ce n'est pas rien ! Mais merde, Aiden ! Tu sais ce que ça fait de passer pour la plus grosse tapette du bahut ou pas !? Non t'en sais rien ! Et je ne te souhaite pas de le savoir !"

C'est la première fois qu'il est autant en colère contre moi depuis qu'on se connaît. Je sursaute à chaque début de phrase. Il continue son coup de gueule.

"Je tiens à toi ! Tu comprends ça !? Mais t'es peut-être trop con pour le voir ! Ouvre tes yeux !

- Dégage, je le repousse froidement.

- Quoi...

- Sors de ma chambre.

- Aiden...

- J'AI DIS : SORS DE MA CHAMBRE !, je hurle."

Je plonge ma tête dans l'oreiller et pleure. Je déteste pleurer. Je me sens faible.

"Aiden... Je suis désolé... Je ne voulais pas dire ça..."

Je l'ignore. J'entends ma porte claquer puis des pas dans l'escalier, et enfin la porte d'entrée claquer aussi.

•••

Mon lit s'affaisse du côté gauche puis l'odeur de Florian envahit l'air. Je fais semblant se dormir. Flo colle son torse à mon dos, et il m'est difficile de ne pas me retourner et de l'embrasser. Mais je lui en veux. Il n'avait pas à dire que j'étais con de ne pas voir qu'il tenait à moi. Mais tout ceci est nouveau pour moi.

"Je suis désolé..."

Je garde les yeux fermés même si quelques larmes dévalent mes joues. Il me tourne ensuite le dos, et je continue ma nuit.

J'ai mal dormi. Depuis des jours je dormais avec la tête sur le torse de Florian, mais pas cette nuit. J'ai réfléchis aussi durant mon sommeil, et j'ai compris. Il est inquiet pour moi. Il a peur que je ne supporte pas les moqueries, les insultes des autres élèves du lycée.

Moi aussi j'appréhende cette journée. Parce que si Sidney en a parlé à une personne, le bouche à oreille s'est occupé de prévenir les presque mille cinq cents élèves de notre lycée, ainsi que les profs, les agents d'entretiens, mais aussi le proviseur. Et il serait capable d'appeler mes parents. Et je veux leur dire moi-même, quand je serais prêt.

Je me tourne vers Florian, qui regarde le plafond. Je prends sa main et la pose sur ma joue. Il me regarde. Je souris.

"J'ai compris. Tu as peur pour moi ?

- Évidemment que j'ai peur, Aiden ! J'ai déjà été la victime de ce qui va t'arriver si cette traînée en parle !"

Je ne trouve rien à ajouter et me lève pour choisir mes vêtements. Un jean beige et un sweat bleu clair, puis je vais à la douche. Il y a deux type de personnes : ceux qui se lavent le soir, et ceux qui se lavent le matin. Moi, ça dépend. Je peux très bien me laver le soir quand il a fait très chaud la journée, ou que cette journée a été merdique et que je veux juste me détendre. Ou alors je me lave le matin, pour enlever toute cette transpiration de la nuit, et me réveiller complètement.

Le jet d'eau brûlant sur ma peau me fais du bien. Deux mains se posent sur mes épaules, ainsi qu'une bouche. Florian me masse les épaules.

"Il faudra que tu en parles rapidement à tes parents. Si ça dégénère au lycée, il te faudra du soutient ici.

- Et toi ?

- Je ne suis qu'un ado fou de son copain qui ferait tout pour surmonter son homosexualité. Tes parent peuvent faire pression au directeur aussi, si jamais des élèves s'en prennent à toi, pour qu'il t'aide."

Je me tourne pour lui faire face. Ses cheveux habituellement légèrement bouclés sont plaqués sur son front.

"Elle va réagir comment Dakota ? C'est quand-même sa soeur...

- Ne t'en occupe pas bébé. Pense à nous."

Il m'embrasse lentement, en tirant partiellement mes cheveux, avant de frotter son nez au mien.

"Je sais que c'est tôt, qu'on s'est rencontré il y a moins de trois semaines, mais je sais.

- Tu sais quoi ?

- Je sais que je t'aime, il me souffle."

Je crois... Que je suis gay... Where stories live. Discover now