MYSTIC - LA VILLE DES LOUPS

CHAPITRE 19

CHRISTELLE

Et ce que je pensais impossible, vient de se réaliser.

Alors que hier, j'avais affirmé à Jeremy que le fait qu'il soit intégré dans mon Lycée – ma classe selon lui en peu de temps, était impossible, il vient de m'appeler pour me faire part de la bonne nouvelle : il intègre mon Lycée à partir de demain, et dans ma classe. Bien entendu, il ne cesse de s'extasier sur cette nouvelle qu'il a reçu dans la matinée alors que moi je réfléchis à une possibilité qu'il y ait des petits génies. Pas que je ne me réjouisse pas de son arrivée – bien au contraire je suis enchantée, mais je trouve ça beaucoup trop étrange. Dans quel genre de Lycée, tu peux être inscrit aussi vite ?

De ce fait, il a du déménager. Il arrivera demain matin. Il m'a dit que comme le trajet ne dure qu'une simple heure de route, ses parents ne voient pas l'utilité de se déplacer dans l'immédiat. Je continue de converser avec lui au téléphone portable tout en réfléchissant. J'essaye de me convaincre d'une manière logique et rationnelle sur son intégration dans le Lycée si soudaine et rapide.

– Christelle ? Tu es toujours là ?

Je reviens brutalement sur Terre en même temps que Jeremy soupire avant de me demander :

– Tu es contente au moins que je débarque ?

– Mais oui ! Répliqué-je lassée, c'est juste que je ne comprends pas comment tu as pu être intégré aussi vite ! Tes parents ont des contacts ou quoi ?

– Arrête de te torturer sur tout ça ! Soupire-t-il, moi j'en sais rien et je m'en fous ! Toi, j'ai vraiment l'impression que ce n'est qu'une simple excuse. Tu peux me le dire Christelle.

– Non ! Je suis désolée ! Mais j'ai vraiment l'impression qu'il se passe des choses étranges. Mais non, oublie ! Demain on commence à dix heures. Tu as bien choisi la même langue que moi pour la littérature étrangère ?

– Espagnol, oui.

– Je te manque trop, c'est fou ! Par contre, explique-moi pourquoi choisir droit et grand enjeux comme option ?

– Je n'aime pas les maths, je ne voulais pas faire de langue approfondie. Alors le choix a été très simple.

Je soupire sous le rire de ce dernier.

– T'entendre soupirer est tellement revigorant.

– Tant mieux.

– Ce n'est pas que je ne t'aime pas, mais je dois y aller. Mes parents m'appellent. A demain, princesse.

– A demain.

Je raccroche et dépose mon téléphone sur le bureau. Je sors de ma chambre et me rends dans celle d'Emilio. Jusqu'à maintenant, il semble s'en remettre. Il a même retrouvé l'usage de la parole en fin d'après-midi. Quand j'ouvre la porte de sa chambre, je remarque du premier coup d'œil qu'il n'y est pas. Pensant qu'il doit être en bas, je rejoins la cuisine. Mais avant d'y entrer, j'entends des chuchotements. Je distingue en premier la voix de mes parents, puis celle d'Eduardo. Celle de Marco qui semble répliquer. Pour Emilio, je déduis qu'il est dans la cuisine mais joue au roi du silence vu qu'il n'est pas dans le salon.

Je ne parviens pas à déterminer le sujet abordé car ils parlent avec une telle douceur, si petit, que je pourrai comparer leurs paroles avec moi quand j'ai la voix cassée. Comme si mon monologue intérieure a été entendu, leur voix gagne en décibel et ils parlent simplement du boulot de mes aînés. Pourtant, je ne suis pas convaincue. Pourquoi parler à voix basse d'un sujet comme celui-ci ? Serait-ce possible qu'ils parlaient de quelque chose d'autre avant mon arrivée ? Me cacheraient-ils des choses ?