MYSTIC - LA VILLE DES LOUPS

CHAPITRE 22

SEBASTIAN

Je savais très bien qu'en étant au poste d'Alpha, je devais forcément avoir des interrogatoires – souvent solides, rarement simple, avec n'importe quel entité surnaturelle. Je m'y étais préparé mentalement et j'arbore toujours un masque impénétrable durant mes interrogatoires pour éviter d'être envahi par mes sentiments. Car mes sentiments vont toujours altérer mon jugement, rendant la peine moins ou plus lourde. Mais je ne m'étais pas préparé à interroger des membres de ma meute – qui plus est le sorcier et mon père, mon propre père qu'on soupçonne de s'être débarrasser de notre sœur en la donnant à la famille des jumeaux et Emilio.

La première interrogation, je les avais laissé filé sans trop insister me contentant de leurs vagues réponses, leur regard parfois inquiet – ou encore fuyant. En tant que stratège, j'appuie sur les cordes sensibles. Pour Kylann, c'est très simple : j'évoque simplement ses deux garçons. Quand à mon père, j'évoque ma mère. Et il n'arrête pas de s'adoucir quand je l'évoque. Pour les piéger, j'ai fait le pacte de vérité. Ils sont dans l'obligation de me dire l'unique vérité dans le cas contraire ils pourront mourir. Mais pour moi, la mort est une libération dans leur cas. J'ai déjà une idée dans le cas où ils mentiront. Je ne pensais pas qu'ils le feront. Ils ont du courage.

– Alors, la dernière fois je me suis contenté de vos réponses vagues et incomplètes. Cette fois, je veux des réponses précises et claires. Vous avez fait le pacte de vérité, vous savez ce que vous encourez. Regardez bien.

Je fais une petite pause avant de montrer Jonathan, mes frères, ma sœur, Emilio, Eduardo et Marco et leurs parents.

– Pensez-bien plusieurs fois à ce que vous allez dire. Je sais très bien, je sais même que trop bien, vous éviterez de mentir. J'espère ? Vous n'apprécierez pas le sort que je vous réserve si vous me mentez, si vous nous mentez.

– Tu me déçois tellement Sébastian ! Je ne t'ai pas élevé ainsi ! Comment peux-tu remettre en doute la parole de ton père ? Comment dis-moi !

– Tout de suite les « tu me déçois » ! Papa, je m'en fous ! Je veux juste des aveux. Et arrête, les preuves parlent d'elle-même. Je veux la vérité, je veux également la raison qui vous a poussé à faire ça.

Ils restent silencieux un moment. Ils ne semblent pas être prêts à démarrer. Je gronde montrant mon impatience, mais rien ne fait : ils sont encore très silencieux. Je soupire avant de poser une question :

– Est-ce vrai que vous avez pris notre sœur quand Maman a accouché ?

Mon père et Kylann restent encore silencieux. Je décide de les faire revenir à la réalité :

– Dois-je vous rappeler que votre silence peut être pris comme un aveu ? Vous ne voulez pas que je me charge de votre cas tout de suite ? Je crois que vous avez quand même quelque chose à dire !

– Oui. Répond enfin mon père, oui j'ai pris votre sœur. Je le reconnais.

– En même temps, les preuves parlent d'elle-même ! Tu ne pouvais pas nier ! Ajoute sarcastiquement Léon

Je lui lance un regard appuyé – complètement dans mon rôle d'Alpha, et il me fait un signe de tête pour montrer qu'il ne recommencera pas. Je pose mon regard sur Kylann et ce dernier commence à avouer :

– Ton père est venu. Il est venu me voir pour que je l'aide lors de l'accouchement de ta mère. Il voulait... il voulait la soulager. C'est ce qu'il m'a dit.

Mon père ferme les yeux comme pour se retenir d'un acte violent. J'écoute Kylann poursuivre :

– Oui, ta mère a fini par accoucher de deux filles et un garçon. Le problème, c'est que parmi l'une de ses deux filles, l'une était sans loup. Et ça, ton père ne l'a pas du tout accepté. Alors, il m'a confié... il m'a confié qu'il voulait... qu'il voulait s'en débarrasser... Finit Kylann dans un murmure