CHAPITRE 27

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BRADLEY

J'avance tranquillement dans le couloir accompagné d'un membres des Anciens. Le fait de savoir que mon père désire me voir, me procure des sentiments contradictoires. Je me dis qu'il regrette et qu'il n'a pas toujours été l'image de l'homme que je découvre maintenant et je suis heureux de le voir alors que d'un autre côté, j'éprouve de la colère noire. Je n'arrive pas à calmer ce flot de sentiments qui ne cessent de s'accroître quand pas à pas, nous approchons de sa cellule. J'essaye de me calmer mais quand l'Ancien s'arrête, je me fige.

– C'est ici. Tu peux entrer.

Je regarde l'encadrement de la porte – qui est fermée. Je ne sais pas si j'aurai la force de voir mon père, de le questionner. Dira-t-il la vérité ? Pourquoi a-t-il fait ça ? Car notre sœur le répugnait ? Ça ne possède aucune logique, il n'a jamais été ainsi. Je recule avant de grogner. L'Ancien qui m'a accompagné me regarde d'un air compatissant. Je regarde de nouveau la porte. Je dois y aller. Je ne peux pas me dégonfler. Je dois, je dois. Reprenant une respiration calme, je m'avance et ouvre la porte. A ce moment précis, j'aimerai être comme Emilio, j'aimerai avoir la capacité à masquer mes sentiments, j'aimerai être aussi dur que de la glace.

Mon père est menotté, son apparence négligée. Ses cheveux lui collent au visage, il semble fatigué, épuisé, vidé d'énergie. Ses yeux sont vitreux. Quand il pose son regard sur moi, il essaye d'esquisser un petit sourire que je ne rends aucunement. Une flamme de colère s'allume subitement. Je contrôle ma colère avant de m'asseoir et de darder sur lui un regard que je désire – et j'espère, impénétrable. Mon père essaye de se positionner correctement sur sa chaise alors que j'entre directement dans le vif du sujet :

– Je te pose des questions, je veux que tu y répondes.

Il me regarde longuement avant de soupirer. Quand son regard rencontre de nouveau le mien, je parviens facilement à identifier la lueur de tristesse mais j'en fais abstraction.

– Tu me détestes toi aussi...

– Comment en pourrait-il être autrement ! Le coupé-je agacé, tu nous as séparé de notre sœur ! Comment veux-tu qu'on te pardonne cela !

– Une sœur humaine ! Une honte pour la meute ! Répond mon père avec fermeté

Il semble tellement sûr de ce qu'il a dit qu'un moment j'éprouve l'envie de vomir. Je n'arrive pas à reconnaître la personne en face de moi. Je n'ai jamais vu cette partie de mon propre père. Je garde mon sang-froid pour éviter de lui en coller une et demande :

– Pourquoi.

– Pourquoi j'ai fait ça je suppose ?

Je hoche la tête sans un mot de plus. Mon père soupire avant de s'exclamer :

– Je l'ai dit, c'est une humaine. Je ne l'ai jamais montré mais les humains me répugnent. Je veux dire... ils sont tellement faibles, tellement inoffensifs, j'ai même envie de dire qu'ils ne méritent pas la vie. Nous leur sommes tellement supérieurs. Comment aurai-je pu accepter ça ? Je préférai crever qu'accepter qu'elle soit mon enfant.

Mon loup s'agite en moi, complètement énervé. Je ne cède pas à ma propre colère de peur de perdre le contrôle. Ce sont des paroles tellement ignobles à entendre. Et elles viennent de mon propre père...

– Tu me dégoûtes.

– C'est toi qui le dis. Mais réfléchissons d'un autre moyen, n'aurait-elle pas préféré une vie comme elle pense vivre ? Une vie humaine ? Si elle avait été dans la meute, ne ce serait-elle pas sentie différente ? N'aurait-elle pas été gênée, n'aurait-elle pas peut-être tenté de fuir ailleurs pour ne pas à avoir supporter cette différence ?

MYSTIC - LA VILLE DES LOUPSDonde viven las historias. Descúbrelo ahora