MYSTIC - LA VILLE DES LOUPS

CHAPITRE 57

JÉRÉMY

Deux semaines plus tard...

Deux semaines. Quatorze jours. Trois cent trente-six heures. Le temps est terriblement long quand on a pas sa moitié à ses côtés et qu'elle se trouve dans l'inconscient. Le médecin nous a rassuré en nous disant que les produits qu'il a utilisé pour éliminer le poison dans le corps de Christelle a des effets seconds tel que la fatigue d'où la prolongation de son sommeil. Ce qui ne m'a pas totalement rassuré. Je préfère largement voir ma moitié en pleine forme et rayonnante que sur ce lit et inconsciente. Il fallait aussi parler du sujet qui fâche. Les bébés.

Les bébés grandissent sans difficulté apparente. Ils se développent bien malgré le fait que leur mère soit inconsciente. Sa grossesse ne durera que quatre mois. Chez les êtres surnaturels, dès que l'homme ou la femme est d'origine surnaturelle, le bébé aura – à 99 % chances, la nature surnaturelle de l'homme ou la femme. Dans le cas où les deux sont de nature surnaturelle, le bébé sera soit de la nature du père soit de la nature de la mère, mais rarement les deux. Ce sont des cas rares qui ne sont pas à écarter. Vu que c'est ce connard de métamorphe qui se faisait passer pour moi auprès de ma moitié, les bébés hériteront à coup sûr de cette particularité du métamorphe.

Du côté de la famille adoptive de Christelle, ils ne sont pas trop pour qu'elle garde le bébé. Ils ont tous des justifications diverses mais parfois similaire. Les parents pensent que Christelle en souffrira trop, les jumeaux ne voient pas leur sœur jouer le rôle de mère et moi encore moins le rôle de père et Emilio – bien qu'il ressent une grande peine pour les jumeaux, ne voient personne de cette meute être capable d'élever les enfants. Ils refusent tous en tout cas de les confier à la meute. Ses parents biologiques refusent par quasiment les mêmes arguments que les jumeaux restent ici.

Donc, nous avons pris de l'avance et nous avons commencé à chercher des personnes susceptibles de pouvoir élever les jumeaux. Nous n'avons pas fait de demande, juste repérer les potentiels parents des jumeaux qui arriveront dans moins de quatre mois. On a déjà fait notre petite liste, mais nous n'avons encore sélectionné personne. On attend le réveil de Christelle et qu'elle soit apte à nous donner sa décision. Ça me chagrine vraiment de penser qu'elle va abandonner des enfants qu'elle mettra au monde. Ils auraient pu être les frères et sœurs de Liam. Mais ça n'arrivera jamais, on le sait que trop bien. Une nouvelle journée débute et je sors de ma chambre en bâillant. Je ne dors pas énormément non plus avec tout ça. Presque personne qui est proche d'elle n'arrive à dormir. On a encore trop de problème à régler.

Ça me fait d'ailleurs penser que, on a pu localiser le connard d'Alpha qui avait aidé ce salopard. Il n'avait pas été trop difficile à localiser, il restait très souvent seul dans l'habitat du conseil. Nous avons profité d'un moment d'absence de sa part pour expliquer la situation à tous membres du conseil – excepté lui, et ils nous ont autorisé après avoir lourdement insisté à nous laisser tranquillement « utiliser » l'Alpha corrompu et fou. On lui a ensuite tendu un piège auquel il a mordu assez rapidement. On lui a envoyé un message en se faisant passé pour le géniteur qu'il a aidé. Après avoir convenu d'un rendez-vous, on l'a rapidement capturé et est désormais retenu prisonnier ici et très bien maltraité.

Quand j'arrive dans la cuisine, je rencontre les deux familles de Christelle. Je les salue avec peu d'entrain et me sers du café. Ils sont très matinaux, il n'est que sept heures du matin. Je m'installe sur une chaise et commence lentement à boire. L'ambiance est quasiment ainsi depuis ses quatorze derniers jours. Silencieuse, vide. Personne n'arrive à sortir pour se distraire, personne n'arrive à sourire, personne n'arrive même à parler. La meute continue de tourner mais c'est devenu tellement calme qu'on dirait que rien ne tourne. Même Liam ressent cette sensation étrange et est devenu tellement silencieux qu'on le croirait inexistant. Son quotidien est simple : se lever, nous suivre partout en silence, manger, se doucher et se coucher.