CHAPITRE 23

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EMILIO

Ce n'est qu'une fois qu'il est dix-neuf heures passés d'une bonne dizaine de minutes que nous débarquons dans la maison. Nous avons beaucoup discuté avec Sébastian. Au vu de la situation, il a demandé une protection renforcée pour sa sœur et bien sûr des conseils pour l'approcher, il aimerait la connaître. C'est le cas de sa famille et même de la meute qui ne demande qu'à la rencontrer, notre charmante sœur humaine. Malgré ses bonnes nouvelles, il y en a une qui est moins bonne. Sa mère biologique ne supportera pas l'ignorance de sa fille présumée morte depuis dix-huit ans, et tient à ce que la vérité éclate.

Bien sûr, nous avons riposté avec le soutien de ses enfants. Raconter la vérité, c'est raconter toute la vérité. Et honnêtement personne entre nous est prêt à lui dire la vérité. Par manque de courage. Bien entendu, nous pouvons entendre son point de vue, elle souhaite voir sa fille et qu'elle sache tout. Elle ne veut pas être qu'une simple rencontre banale qu'elle oubliera après. Mais nous ne pouvons pas lui dire tout de suite. Nous n'avons pas suffisamment de courage, pour nous lancer. Nous avons réussi au final à gagner du temps. Nous lui dirons la vérité à la fin de ses examens blancs. Même si, elle apprendra qu'elle n'en aura nullement besoin dans les temps qui vont suivre.

Christelle est seule dans la maison, Jérémy ayant dû la quitter quelques minutes plus tôt probablement. C'est d'ailleurs très étrange, car il ne quitte jamais Christelle même avec des urgences. Il a dû recevoir une urgence d'une extrémité pour qu'il la quitte ainsi. Notre sœur s'active à mettre le couvert dans le salon, alors que nos parents la saluent. Par contre, Christelle renvoie une salutation assez sèche voir froide. Je fronce les sourcils alors que mes parents ne semblent n'avoir rien remarqué – ils doivent être trop lessivés. Elle finit de mettre le couvert avant de nous indiquer qu'elle doit appeler Jérémy pour l'informer que nous sommes arrivés. Elle s'éclipse très rapidement – semblant même nous fuir.

– Emilio, on pense la même chose ? Me demande Marco

– On ne pense jamais la même chose. Rétorqué-je amusé, mais dis-moi ce à quoi tu penses.

– J'ai l'impression qu'elle nous en veut.

– On pense pareil sur ce point alors. Lui dis-je

Il sourit fier d'avoir deviné – pour une fois au moins, le fil de mes pensées. Notre sœur se comporte rarement ainsi avec nous, elle le fait quand elle nous reproche quelque chose, ou quand elle est blessée. Nos parents qui ont l'ouïe fine – toujours un loup-garou, sont interloqués. Ils se rapprochent du salon en déposant le dîner qui n'est constitué que de pâtes à la bolognaise.

– Mais de quoi peut-elle nous en vouloir ? Demande mon père

– Je n'en sais rien. Répond Eduardo

– Mais il doit forcément y avoir quelque chose ! Qu'avons-nous fait de mal ? S'interroge Marco

Je me mets à réfléchir sur nos dernières discussions ensemble avant de me rendre compte qu'elles sont toutes sans intérêt ou inexistantes. Je fronce les sourcils avant de chercher au plus profond de mes souvenirs, en vain. Je décide donc d'émettre mon idée :

– Vous ne pensez pas qu'elle nous en veut car on la délaisse ? A quand remonte notre dernière discussion avec elle ? On n'a pas pris le temps de se soucier d'elle dernièrement. Je pense que c'est ça qui doit l'avoir profondément blessée.

Eduardo et Marco réfléchissent avant d'écarquiller les yeux. Mes parents semblent honteux et même moi je ne parviens pas à cacher la honte de mon comportement.

– Il faut qu'on règle ça. Et très vite. S'exclame Marco

*

Marco a beau essayé d'engager la conversation, soit notre sœur ne répondait pas ou restait vague durant le dîner. J'ai bien vu que Marco se décourageait pas, et persévérait sans un très grand succès. Eduardo et les parents ont tenté mais Christelle n'a pas daigné récompenser leurs efforts. Moi je n'ai rien dit, je me suis juste contenté de la fixer, impénétrable. Elle a d'ailleurs évité soigneusement mon regard pour ne pas rencontrer le mur de fer que j'avais brandi durant le dîner. Mais maintenant le dîner terminé, et chaque personne dans son petit coin à faire je ne sais quoi, j'en profite pour aller la voir dans sa chambre.

MYSTIC - LA VILLE DES LOUPSWhere stories live. Discover now