Partie 1 : hibernation

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Je regardais par le hublot de ma cabine. L'explosion tant redoutée se produisit à l'instant même où le compte à rebours arrivait à zéro. Voilà ! C'en était fini de la Terre des hommes, du système solaire et de toute la Voie Lactée par la même occasion. Malgré la beauté de cette scène macabre, je me suis sentie plus seule que je ne l'avais jamais été ; je vivais le deuil de neuf milliards d'hommes et de femmes. Les larmes coulaient à flot le long de mes joues, silencieuses et venaient s'écraser au sol en une rivière salée. Comment se réjouir d'avoir survécu à l'extinction de son espèce ? Comment continuer comme si de rien n'était après avoir vécu un tel désastre ? A l'intérieur du vaisseau spatial, nous étions trois mille et nous nous dirigions vers Ambrolia : une planète d'accueil dont je ne connaissais rien et qui devenait notre seule planche de salut.

- Suis-moi, dit la responsable de mon secteur qui venait d'apparaître sur le seuil de ma cabine. Tu es attendue à l'hôpital pour être placée en hibernation.

- C'est douloureux ? Lui demandai-je inquiète.

- Les Ambroliens disent que nous rêverons durant le trajet, répondit-elle. Je suppose, par conséquent, que nous ne souffrirons pas. De toute façon, nous sommes vivantes. C'est le principal... non ? Allons ! Dépêche-toi. Je suis la responsable du groupe des trente françaises. Il ne faudrait pas que nous arrivions les dernières.

- Trente, murmurai-je mécaniquement. Trente, c'est tout ?

- Trente et une plus précisément, répondit la responsable de notre groupe en souriant tristement. Effectivement, c'est peu.

J'ai pris Teddy dans mes bras ; Teddy, c'est mon petit ours en peluche qui ne me quitte jamais. Je me suis levée machinalement et j'ai suivi la responsable de secteur. Elle était gentille, tout le monde l'était d'ailleurs. Je crois bien que c'était la première condition des Ambroliens le jour du tirage au sort.

Nous n'avions pas fière allure. Je pense même que nous étions toutes mortes de trouille parce que nous restions serrés les unes contre les autres comme des sardines en boîte en attendant que cette fichue hibernation nous tombe sur la tête. J'avais à l'esprit ces satanés films fantastiques qui nous montraient des héros figés dans la glace, les visages rongés par la douleur du froid qui les saisissait jusque dans leurs poumons. Là aussi, ça ressemblait à l'apocalypse.

- Ne vous inquiétez pas, intervint un Ambrolien qui s'approchait de notre groupe. Je suis attaché à votre sécurité. Je veillerai à ce que vous ne fassiez aucun cauchemar durant le voyage.

- Combien de temps va-t-il durer ? Lui demanda la responsable de notre groupe.

Il est clair qu'elle n'en savait pas plus que nous.

- Douze années terrestres, répondit-il. Mais pour vous, cela ne durera qu'un instant puisque vous allez rêver. L'hibernation est un moment agréable, propice à la méditation. Soyez toutes rassurées.

- Et vous ? Lui demandai-je timidement.

L'ambrolien m'observa durant un instant et j'ai eu l'impression qu'il ne répondait qu'à moi, mais sans parler, juste par la pensée.

- Je suis là pour veiller sur vos rêves, disait-il.

- Merci, répondis-je mécaniquement.

Toutes celles de mon groupe m'ont regardé comme si je parlais toute seule.

- Ben il t'a parlé ? A demandé l'une des filles avant de se tourner vers une autre qui me regardait comme si moi aussi j'étais une extra-terrestre.

Alors, j'ai serré Teddy dans mes bras et je suis rentrée dans la capsule dans laquelle je devais m'allonger en attendant la suite des événements. Bizarre, elle avait l'air d'être plus spacieuse que les autres tout comme ma cabine qui était la plus grande de toutes. Ils avaient peur que je meure en cours de route ou quoi pour me « bichonner » de la sorte ?

- Tu respires une bonne dizaine de fois dans ce masque, a dit l'Ambrolien en l'installant sur mon visage. Je suis là pour m'occuper de toi et de toutes celles de ton groupe. N'aie pas peur Léna. Ta vie nous est terriblement précieuse.

J'ai obéi en conservant mes yeux rivés aux siens. Mon corps s'est engourdit lentement, un peu comme lorsqu'on subit une anesthésie générale. L'instant d'après, je dormais profondément.


Voilà, c'est ainsi que tout a commencé.

AMBROLIA - RenaissanceWhere stories live. Discover now