La Terre vit ses derniers instants quand trois vaisseaux spatiaux apparaissent dans le ciel. Lorsque le contact est établi avec ceux qui se présentent sous le nom d'Ambroliens, c'est pour apprendre qu'ils sont venus pour sauver trois mille jeunes f...
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Et voilà que je rentre dans une boutique qui n'intéresse personne. Elle est miteuse, poussiéreuse et ça sent un peu le moisi : j'adore ça ! Du plus loin que je me souvienne, j'ai toujours aimé venir ici ; je crois bien que c'est mon endroit préféré sur terre, un peu comme une cabane dans un arbre. Je peux m'y cacher et laisser s'envoler mon imagination fertile pendant que j'oublie tous mes soucis. C'est un lieu où le temps et l'espace ne comptent pas. Ici, il n'y a pas deux soleils, ni d'extra-terrestres et encore moins de fin du monde. Son propriétaire n'a plus d'âge, mais c'est un puits de connaissances : il sait tout sur tout. C'est lui qui m'a initié à la littérature et montré des tableaux de Grands Maîtres depuis ma plus tendre enfance. Dire que je ne connais même pas son véritable nom. Quand j'étais jeune, je l'ai surnommé « mon Maître » sur le ton de la plaisanterie et je dois admettre qu'il adorait ça. Lui m'appelait « votre Altesse » comme si j'avais été la reine de Saba.
- Mon Maître ? Appelai-je. Mon Maître... c'est vous ?
Mais cette fois-ci, il ne répondit pas.
Dans sa boutique, il y a un trésor : des livres qui parlent d'histoires fantastiques merveilleuses. Elles m'ont toujours permis de m'évader de ma triste vie sans but. Aujourd'hui encore, je m'assieds dans un petit coin et j'ouvre la première page d'un bouquin tout corné dont j'époussette la couverture délicatement :
- Ah, tu étais là toi ! Dis-je comme s'il pouvait me parler. Je t'ai trouvé petit coquin. Maintenant, je vais te dévorer.
Autour de moi, il y a des rayonnages à perte de vue. Du sol au plafond, les étagères sont remplies à craquer et de grandes échelles en bois sont plantées un peu partout pour me permettre de dénicher des merveilles. C'est un lieu que j'aime par sa grande simplicité et tout le savoir qu'il renferme. J'adore apprendre, découvrir, m'enrichir de toutes les trouvailles que je déniche comme un pirate partirait à la recherche d'un trésor caché. Ici, je suis à ma place. Alors, je me concentre, je m'investis dans l'atmosphère que m'offre cet ouvrage qui me passionne et dont je deviens l'héroïne.
Tout à coup, une vieille planche de parquet craque comme s'il y avait du monde dans le coin.
- Il y a quelqu'un ? Demandai-je en me redressant brusquement. Vous êtes là ? Poursuivis-je en pensant que le propriétaire des lieux était revenu. Mon Maître ?
De toute façon qui pourrait se perdre dans cet endroit paumé, surtout par les temps qui courent ? Avant les deux soleils, il n'y avait déjà pas grand monde qui s'aventurait dans ce labyrinthe de savoir. Alors maintenant que nous allons tous mourir, vous imaginez un peu ! Il est probable que les rats ont trouvé ici de quoi survivre jusqu'au feu d'artifice final. Pourquoi n'auraient-ils pas le droit de choisir leur petit coin de paradis eux aussi ! Le silence a immédiatement repris sa place.
- J'ai dû rêver, murmurai-je, comme pour me rassurer après avoir jeté un coup d'œil panoramique.
Je me plonge de nouveau dans l'intrigue de mon livre qui me captive de plus en plus. Au fur et à mesure ou les événements se succèdent, je pousse des soupirs de contentements, commente les actions des personnages en lançant des : « n'importe quoi ! » ou des « bien fait, ça t'apprendra ! ». Je rigole, je piétine, j'écarquille les yeux comme si je vivais, moi aussi cette aventure fabuleuse. J'ai toujours fonctionné comme ça avec les livres. Vous me trouvez bizarre ? De toute façon je m'en fiche puisque la fin du monde est pour demain ou le jour d'après.
