Partie 5 : Solitude

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  Une semaine après ma rencontre avec Eridan, j'enterrai mon père

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  Une semaine après ma rencontre avec Eridan, j'enterrai mon père. Je dois admettre que nous avons beaucoup parlé pendant ces quelques jours passés ensemble, bien plus en tout cas que durant tout le reste de ma vie. Au moins, j'aurai eu le temps de faire le plein de souvenirs. Il avait même fini par faire son mea-culpa juste avant de rendre son dernier soupir. Je suppose qu'il escomptait ne plus être en dette vis-à-vis de Dieu. Ça devait être vrai d'ailleurs puisqu'il est mort avant la fin du monde de la façon la plus « normale » qui soit, en tout cas pour lui : une cirrhose du foie.

Personne n'est venu m'aider à creuser sa tombe. Il m'a fallu attendre la nuit pour ne pas trop souffrir de la chaleur qui rendait impossible tout mouvement brusque. Je l'ai déposé en dessous des restes calcinés du vieux tilleul que ma tante adorait quand elle était encore en vie. Mes mains étaient en sang, mais je ne me voyais pas le laisser sans sépulture.

Après ça, les semaines ont passé, lentement, tristement.

Eridan n'est jamais venu me voir. Pourtant, il avait dit que ma vie l'intéressait ; encore un menteur de plus. Mais ce n'est pas grave puisque je vais mourir. Pourquoi est-ce que je me mens à moi-même ? Je vais penser à lui jusqu'à mon dernier souffle. Sa longue tunique soyeuse et dorée n'est semblable à celles d'aucun de ses congénères qui sont tous habillés de blanc. Il porte aussi un fin diadème sur le front. Et puis sa taille fine est ceinte d'une ceinture dont la matière me fait penser aux écailles d'un poisson arc-en-ciel fabuleux. Moi, à côté de lui, je ne ressemble à rien.

Pourtant, chaque semaine, j'ai reçu de quoi me nourrir et des livres pour me distraire. Peut-être qu'Eridan a eu pitié de moi malgré son désintérêt à me revoir ? Je pense surtout que c'est une question de bonne conscience ; une petite nana qui va mourir à la fleur de l'âge ça fait de la peine. Mon dieu quelle horreur ! Je ne veux pas de sa pitié. Je préfère encore l'oubli.

Tic-tac, tic-tac, dit la vieille pendule du salon dont je remonte

le mécanisme machinalement jour après jour, inlassablement. Comme si tout ça avait encore un sens. L'heure je m'en fiche puisque mon sors est déjà scellé. J'aurais dû la laisser s'arrêter définitivement cette fichue pendule. Peut-être que les deux soleils se seraient arrêtés, eux aussi, dans leur course folle vers l'anéantissement de toute la voie lactée ?

Eridan, pourquoi fallait-il que tu te présentes devant moi à l'instant où j'acceptais ma fin prochaine ? Mon cœur saigne de ton absence et de ton indifférence.

Adami parla dans son petit médaillon :

- Les normes sont stabilisées. Ce n'était rien qu'un mauvais rêve. Je lui transmets les images d'une prairie et d'animaux de sa planète.

AMBROLIA - RenaissanceWhere stories live. Discover now