Partie 6 : La convocation

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Cette semaine, j'ai reçu une convocation pour le grand cérémonial des choix

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Cette semaine, j'ai reçu une convocation pour le grand cérémonial des choix. Comme de bien entendu, seules des filles âgées de quinze à vingt ans sont destinataires de cette lettre. Là au moins, Eridan n'avait pas menti. Je me suis dit que nous devions être drôlement nombreuses dans ce cas-là.

A force de vivre dans ma bulle, je ne sais rien de ce qui se passe à l'extérieur en dehors de ce que le facteur veut bien me raconter. Je me demande bien pourquoi il poursuit son ouvrage celui-là ! Les nouvelles ne sont pas bien réjouissantes ; après les pillages et les tentatives de fuite désespérées, les gens se terrent chez eux comme des rats.

- Tu sais Léna, dit-il en guise de préambule, je n'ai presque plus rien à faire ici. Même l'administration n'envoie plus de relances pour que les gens payent leurs impôts. De toute façon, qui payerait quoi que ce soit par les temps qui courent ? Je n'ai reçu qu'une lettre cette fois-ci et elle est pour toi ma belle. C'est la dernière fois que tu me vois sans doute, sauf si on me livre encore un peu de courrier mais je n'y crois plus vraiment. C'est dommage parce que travailler, ça m'aide à oublier tout le reste. Alors adieu.

J'ai attendu qu'il parte avant d'ouvrir cette fameuse lettre dans laquelle était écrit en lettres d'or :

Léna, vous faites partie des heureuses sélectionnées

Pour participer au cérémonial des choix.

Tenez-vous prête pour le grand départ.

Et puis un matin, un grand car s'est arrêté devant ma porte. Il était conduit par un Ambrolien qui m'a invité à monter à bord :

- N'emmenez avec vous qu'un objet, précisa-t-il en guise de bonjour, celui qui vous est le plus précieux.

J'ai abandonné ma valise dernière moi et j'ai couru chercher mon ours en peluche. Il faut dire qu'il m'en a vu verser des larmes de tristesse depuis la mort de maman. Lui au moins m'est fidèle depuis le premier jour. Les bibelots, les habits et les photos de famille, je m'en fiche. Mais Teddy, ah ça non alors !

L'Ambrolien m'a fait monter en hâte dans le car. Je suppose qu'il devait être super-pressé parce que tout s'accélérait. Une fois à bord, j'ai remarqué que nous étions une trentaine de filles âgées de quinze à vingt ans. J'ai aussitôt pensé que chaque ville de France devait avoir choisi autant de filles : quelle chance que je sois dans le lot !

Nous avons roulé durant une demi-heure environ. A un moment donné, j'ai bien cru que nous n'arriverions jamais à destination parce qu'un tremblement de terre nous a forcé à nous accrocher à nos sièges. Mais l'Ambrolien avait l'air de s'y connaître en pilotage ; il manœuvrait le car avec une dextérité inégalée, en tout cas à ma connaissance. Il a évité des roches qui venaient s'écraser sur la route juste à côté de nous et contourné des arbres arrachés par les secousses dans un fracas assourdissant. Derrière nous, l'asphalte se fissurait puis se disloquait comme dans les films de catastrophes naturelles. Sauf que cette fois-ci, c'était pour de vrai.

AMBROLIA - RenaissanceWhere stories live. Discover now