Vingt-huitième Chapitre.

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[Mardi 25 Octobre. En pleine guerre, Heaven s'est échappé du château et de Kali, mais ne réussit pas à se défaire du lien avec Jorah. Elle tente quand même de combattre, à bout de nerfs.]

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Mon corps entier me fait mal, à un tel point que prendre une simple inspiration me donne la nausée. Ma tête tourne, ma chair à vif est parcourue de frissons qui électrisent les écorchures parsemant ma peau. La chaleur en moi atteint des sommets, ma magie est elle même complètement désordonnée, elle crépite au fond de moi et rugit avec frustration.

Je pousse sur mes jambes pour me relever, manquant de tomber à la renverse, les poings serrés. Je ramasse mon arme au sol en grimaçant. Je suis dans un état lamentable. Recouverte de poussière, de terre et de sang, souffrant à chaque partie de mon corps, peinant à respirer. Je ne pourrais combattre personne comme ça, et encore moi lutter contre Jorah. De ce que je vois, Érédia est train de gagner, mais si Jorah est en vie, il ne tardera pas à me trouver, et je ne pourrai rien faire pour le fuir. Alors, il fera ce qu'il voudra de moi, et les Bannis gagneront. C'est pour ça qu'il faut que je persiste, parce que je dois combattre. Je dois gagner.

Chancelante, je balaie le paysage d'un regard flou. J'ai du mal à distinguer ce que je vois et ce que j'entends, je suis complètement sonnée. Je fais quelques pas en avant, voyant déjà des Bannis courir vers moi. Alors qu'ils approchent, je ne prends pas la peine de fuir, et me mets en position de combat. Un sanglot remonte dans ma gorge. Qu'ils viennent, je les repousserai jusqu'à épuiser mes dernières forces. Si je ne peux plus les anéantir, je les empêcherai de le faire, eux.

Ma dague devant mes yeux, j'illumine mon visage de la lumière bleue familière qui recommence à s'animer dans mes veines. J'ai encore de l'énergie, je suis puissante, assez pour survivre. Mon corps a beau être torturé, mon esprit reste intact, car je le force à ne pas faillir. Je dois continuer à me battre, mes amis comptent sur moi, et si la seule chose que je peux faire, c'est ça, alors je le ferai. Je ne serai pas l'héroïne qui sauvera tout le monde, mais au moins, je n'aurai pas abandonné.

Les trois Bannis sont sur le point de me sauter dessus quand je brandis ma dague en gémissant, une larme brûlante roulant sur ma joue poisseuse. Et soudainement, je suis interrompue par une silhouette qui se lance devant moi et met à terre mes trois ennemis, faisant briller son couteau dans le brouillard. Je lâche un hoquet de surprise en reconnaissant tout de suite Jake. Il se retourne vers moi, et je croise son regard. Couvert de suie et lui même tâché de sang, ses yeux jaunes percent le chaos et m'hypnotisent le temps d'un instant. Nous n'échangeons pas un seul mot mais une seconde suffit à me plonger dans un état second. Je ne sens plus aucune douleur, je n'entends que mon cœur battre. Puis, quand je le regarde partir aussi vite qu'il est arrivé, ma poitrine s'allège. Le poids de la culpabilité me paraît s'enlever un peu. Car j'ai vu dans ses yeux qu'il ne me demandait pas de réagir, il savait que j'étais dans une détresse à laquelle je ne pouvais pas échapper. Il m'a protégée. Il sait que si j'avais pu faire quelque chose, je l'aurais fait.

Je ne me rends pas tout de suite compte que je pleure, et laisse échapper quelques sanglots incontrôlables. Seule dans un nuage poussiéreux, je m'abandonne un très court instant, juste pour reprendre mes esprits. Puis, je passe mes mains sanglantes sur mon visage humide, et serre les dents. Je ne pleurerai pas plus, pas encore. Je me remets en position de combat directement, oubliant la présence de Jake, mais puisant dans l'émotion de son regard pour me déterminer à rester debout. Bats-toi Heaven, c'est bientôt fini.

Dans ma paume continue de battre la cicatrice sanguinolente du pacte, faisant courir des frissons de haine dans le reste de mon bras et de ma nuque. Il savait parfaitement comment me vaincre, depuis le début. Et il prend tout son temps à me torturer jusqu'à venir me cueillir. Mais il ne m'aura pas. Je me défendrai jusqu'à l'épuisement. Et s'il le faut...

Différente - T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant