Quarante-septième Chapitre.

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[Vendredi 3 mars. Toute la troupe d'expédition est rentrée au château pour se faire soigner. Joyce, inconsciente, a été isolée, comme Thaniel et deux autres blessés. Heaven, en discutant avec Isis, a vu à quel point le conflit les ébranlait tous.]

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— Heaven !

Je sursaute en entendant la voix de ma mère. Je me tourne et ai à peine le temps de m'assurer que tous ceux qui sont présents sont au courant de son identité avant qu'elle ne se rue sur moi. Elle agrippe mes joues et examine chacune de mes plaies, frôlant mes bandages aux mains et aux bras, soulevant les manches de mon tee-shirt et les cheveux au dessus de mes épaules.

— Je vais bien, la rassuré-je en abaissant sa main.

Elle prend une longue inspiration avant de planter ses yeux brillants dans les miens. Je m'y perds une seconde, appréciant la vision familière de ce bleu qui n'appartient qu'à nous.

— J'ai demandé à te voir tout de suite, mais... s'alarme-t-elle.

— Je sais, fais-je lentement. Les autres ne devaient pas te voir.

Je me retourne brièvement vers le groupe réduit derrière moi, assis sur deux lits face à face. Jake et Zac, Tyssia et Kaleb, Isis. Tous attendent le moment où nous aurons le droit de voir Thaniel et Joyce.

— Ça a marché ? m'interroge Teresa.

Je hausse les épaules.

— Ça dépend sous quel angle on le prend.

Elle fronce le nez. D'un regard inquiet, elle sonde tous mes autres amis. Silencieuse, elle fait signe à Zac de venir. Il hésite un instant avant de s'exécuter, et quelques secondes plus tard, il se laisse enlacer par ma mère. Elle lui dit quelque chose à l'oreille que je n'entends pas.

— Ne faites rien de stupide, s'il vous plaît, dit-elle à mi-voix en me prenant le poignet.

Je ne réagis pas, ne sachant pas vraiment où elle veut en venir. Je me demande si elle sait ce que j'ai fait dans la forêt.

— Si par stupide, tu veux dire se mettre en danger, on ne pourra pas trop l'éviter, commenté-je.

J'évite le regard perçant de Zac. Ma mère, alors que je m'attendais à une réprimande, sourit.

— Je crois que j'aurais répondu la même chose.

Elle recule pour nous contourner et je suis surprise de la voir se diriger vers mes amis.

— Vous n'avez pas l'air en grande forme, note-t-elle.

Je n'arrive pas à retenir mon sourire en coin. Je vois à l'expression de son visage qu'elle veut paraître détendue, peut-être pour nous rassurer après notre épreuve, jouer un rôle chaleureux qu'elle n'a jamais pu jouer.

— Je peux vous préparer un repas, si vous voulez, ajoute-t-elle d'un ton léger. Bon, je n'ai pas cuisiné depuis vingt ans, mais...

Elle est interrompue par un cri que je reconnais immédiatement. Joyce.

Zac est le premier à s'élancer vers la salle où elle est isolée et nous traversons le couloir à la hâte. À l'entrée de la pièce, une infirmière aux oreilles pointues nous intercepte.

— Elle n'est pas en état de vous recevoir, dit-elle en levant une main.

— Peu importe, répond sèchement Zac.

Le cœur serré, je me rends compte que Joyce continue de crier d'une voix étouffée. Zac fait un pas devant l'infirmière, les yeux lançant des éclairs.

Différente - T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant