octobre 2015
dans la lignée des fils de pute face à moi il y en a tout de même un qui réussit à capter mon regard. on se connaît sans se connaître, c'est le pote d'un pote ou plutôt le pote d'un pote d'un pote.
c'est le troisième eye contact. si j'étais pas khabat je jurerais que c'est qu'une coïncidence. mais ça me fous les nerfs d'être ici, alors je m'invente des vies et me convainc qu'il s'intéresse à moi.
rappeur de mes deux.
entourée de toutes les minettes mal fringuées en transe, remerciant le seigneur s'il existe d'avoir pu franchir la porte de cet appartement qu'on ne voit que sur pinterest. donnant un semblant de piquant à leur vie maussade.
s'il avait voulu il se ferait pépom sur place. devant toutes ces personnes insipides qui parlent fort et qui rigolent pour rien. mais il se contente de sourire poliment et feint d'être civilisé.
dis leur de dégager, je sais que t'es saoulé
— tu payes ta clope ?
ivy me sourit de toutes ses dents pour voir si je vais le lui rendre mais je garde la même expression fermée et hostile tout en lui tendant mon paquet.
— c'était pas ça le contrat. elle ajoute, plus sèchement cette fois.
— le contrat c'était que je vienne ici. je suis venue, j'ai vu.
et bientôt vaincu, j'espère.
— t'as une tête de déterrée, pas étonnant que personne ne vienne te voir.
— qui t'a dit que je voulais qu'on vienne me voir ?
ivy ne réplique pas mais je vois à sa tête qu'elle se retient de m'insulter mes morts. je la connais par cœur cette petite conne.
c'est l'amie la plus proche que j'ai et aussi la plus fiable. c'est peut-être parce que c'est la plus fiable que c'est la plus proche, tu me diras.
la seule qui a bien voulu me ramasser à la petite cuillère quand tout le monde m'a tourné la dos, la seule qui a tenu à ce qu'on garde contact quand j'ai quitté le pays. et la seule qui m'a ouvert ses portes quand je suis rentrée.
je lui devais au moins de l'accompagner à cette soirée de mongols qui lui tenais à cœur. apparemment y a un pelo dans le lot qui lui plaît bien. c'est pour ça qu'elle s'est sapée comme si on était le 31.
— oh les gazelles, ça dit quoi ?
je roule des yeux quand le tressé et son odeur de skunk s'impose entre nous pour nous prendre par l'épaule. cette fois, c'est moi qui me retiens de ne pas l'insulter ses grands morts.
— t'es partie voir le fennec, toi ? il glisse à ma pote qui commence à glousser comme une pintade.
elle est si niaise, je l'adore.
— nan, il est occupé, tu vois pas...
leur discussion ne m'intéresse pas alors je me laisse emporter par les basses de la musique. je commence à avoir la tête qui tourne, j'sais pas pourquoi j'ai voulu faire confiance aux cocktails de doum's. de la pure merde.
— ça se trouve, il attend que t'ailles le voir, dit-il pour la rassurer.
elle allume sa clope et me rend mon paquet.
— avec toutes ses go, la ? qu'il aille se faire foutre, c'est bon.
— il s'en balec' tu sais très bien.
— vas y doum's, bref.
il se tourne pour me regarder et sourit au regard meurtrier que je lui assène.
— t'as pas changé, toi.
— deviens jamais barman, je réplique.
— c'est toi qu'a voulu goûter, se défend-t-il.
je détourne le regard. le brad pitt des bas étages est toujours entouré mais je compte maintenant notre quatrième regard échangé.
il veut ma shnek ou quoi.
j'ai pas tout suivi mais d'après ivy, lui et sa bande ont percé. elle a voulu me faire écouter quelques trucs mais j'ai repoussé ça à plus tard, en ce moment j'ai pas la tête à ça.
— toi faut que je te présente, reprend doumam's en me tirant par la manche.
— j'suis pas venue pour faire des rencontres.
j'ignore les soupirs d'ivy, le renoi me toise et me tire en soufflant :
— ferme ta gueule.
🥀
c'est sur un coup de tête. j'ai refait un compte, et j'ai décidé de publier mes notes. je ne sais pas où ça me mènera, mais je tente. bonne lecture s'il y a des lecteurs...
