la clé du coffre

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— sésame ouvre toi, je souffle contre le tube.

rien ne se passe. je souffle.

trois putain de jours que j'essaye d'ouvrir ce machin, sans succès. pire qu'un casse tête chinois.

je suis à deux doigts de la jeter du troisième, sans vanne. c'est quoi ce truc qui s'ouvre pas, aussi ? ça me rend dingue, j'en dors à peine la nuit.

même le cadeau d'ivy ne m'a pas fait autant d'effet, et pourtant y'avait de quoi. elle m'a offert un nouvel objectif pour mon appareil. un 24-70mm à grande ouverture. un truc que j'aurais jamais pu me permettre à l'heure actuelle. je l'ai remerciée mille fois et l'ai testé avec elle; le rendu est ouf, même s'il demande d'être plus technique.

mais ce tube là...

je le fais jongler entre mes doigts et réfléchis. j'essaye de me mettre dans la tête de ken pour m'éclairer sur les démarches à suivre, mais rien à faire j'suis grave nulle.

je soupire une nouvelle fois. j'ai plus le temps, faut que je taf. je me lève de mon lit et glisse le bout de plastique dans la poche de mon t-shirt.

après un brossage de dents et un thé, j'allume mon ordinateur et consulte mes mails. je m'assois en tailleur sur la banquette près de la fenêtre et rapproche la table basse, je fais défiler la centaine de messages qui m'attendent en soupirant, quand d'un coup, je sens quelque chose se déclencher contre ma poitrine.

— wesh, dis-je paniquée.

je sors le tube de ma poche à la hâte et constate avec étonnement qu'une ouverture s'est formée, faisant apparaître une sorte de bouchon qu'il n'y avait pas avant. je l'ouvre en douceur.

une clé usb.

non mais attendez.

tout ça pour une putain de clé usb ?

je lève les yeux au ciel et, curieuse, la branche illico au port de mon ordinateur. j'ai toujours pas compris comment il s'était ouvert le machin. il n'y a qu'un seul dossier avec mon nom inscrit dessus. je clique et y trouve un seul fichier mp3.

ne me dites pas que...

je me lève soudainement pour aller chercher mes écouteurs. j'ai le coeur qui bat fort, je ne sais pas ce qui me prend mais je suis pas sereine à l'idée de ce que je vais pouvoir entendre.

et j'appuie sur le bouton play. un instru animé me parvient aux oreilles, les notes dramatiques me touchent un peu, et sa voix retentit. j'arrive pas trop à comprendre au début, c'est flou mais étrangement familier. j'ai l'impression de comprendre ce qu'il dit mais de loin. et enfin, mes doutes se confirment quand il prononce :

« c'était ridicule, j'te pensais la plus chelou du globe

tu voulais partir au crépuscule mais on s'est captés à l'aube »

mon coeur se serre et je pense directement à la foi où je suis tombée sur lui chez doum's. après cette soirée sombre...

c'est impossible qu'il parle de ça.

« j'ai toujours voulu savoir ce qui se passait dans ta teté

m'immiscer dans les pensées de cette fragile entêtée »

je me ronge l'ongle du pouce, tellement je passe par toutes les émotions. je ne sais ni quoi faire ni quoi penser.

« t'as confiance en personne, tu te renfermes sur toi-même

ça peut troubler mais pour t'apprivoiser faut t'dire qu'on t'aime »

seriously, ken ?

je comprends pas tout de suite le but de ce son, ça m'énerve plus que ça ne me plaît. j'ai l'impression d'avoir été passée au rayon x, et qu'aucun de mes secrets ne lui ont échappé. mais pourquoi le dire ?

ShinkūWhere stories live. Discover now