ces trois jours sont passés à la vitesse de la lumière.
c'est le dernier concert auquel j'assiste avant de rentrer. les gars sont en feu, comme toujours.
ken donne tout, chaque soir un peu plus, et je sens qu'il est crevé. on en a parlé hier soir du fait qu'il devait se ménager, mais il s'en bats les couilles, lui.
vivre de sa passion, un goal ultime.
depuis que j'suis là, j'ai des sensations nouvelles à son égard. bien au delà du charnel. parce qu'il dégage une ivresse qui me fascine, il s'abandonne totalement dans ces moments. et je l'envie, parfois.
des backstages, j'ai réussi à reprendre mes émotions depuis la dernière fois. je prends quelques photos d'où je suis. je n'ai aucune idée de ce que ça va donner comme je shoot à l'argentique. la surprise sera entière.
et le show se clôture une nouvelle fois sous une huée de cris et d'amour.
quand je le vois, transpirant et complètement cassé. j'ai des coeurs dans les yeux.
re-belote, on leur enlève leur matos et on se rend dans la loge. ils parlent tous entre eux, moi je suis la troupe et reste silencieuse. je suis dans ma bulle.
il fait une chaleur de dingue aujourd'hui, et personne n'a envie de rester à l'intérieur.
— alors comme ça tu nous abandonne. amorce sneaz, entre deux gorgées de sprite.
— toute bonne chose a une fin, je réponds dans un sourire. vous avez intérêt à me retourner toutes les scènes en mon absence !
mekra nous rejoint.
— on va inonder le bail, comme l'hôtel d'hier. il répond.
je rigole et me remémore la bataille d'eau improvisée d'hier soir. un vrai bordel, ils ont tout saccagé. mais qu'est-ce qu'on a ri.
— vous m'avez tellement fatiguée, faut que je rentre me remettre de tout ça, aussi !
— t'inquiète, nous aussi on va faire un break de deux jours avant de reprendre, on est tous ko. réplique framal.
— nek le premier. ça va lui faire du bien.
j'acquiesce d'un signe de tête.
— d'ailleurs il est où ? je demande après un moment.
— j'sais pas. il est peut-être resté à l'intérieur.
— j'vais aller voir.
je quitte les gars et me dirige vers la loge d'un pas décidé. ma conscience me répète que cette visite n'est pas du tout indispensable, mais c'est clairement plus fort que moi.
je croise doum's dans le corridor, il quitte lui-même la loge et m'interroge.
— tu cherches quelqu'un ?
— il est là, ken ?
il lui faut un moment avant d'hocher la tête.
— ouais, il voulait souffler un peu. si tu croises d'autres gens, dis-leur de ne pas faire trop d'aller-retours, ok ?
comptes sur moi.
— ça marche !
il sourit et on trace notre route chacun de son côté.
en effet, quand j'ouvre la porte après avoir toqué deux coups je tombe sur un petit k un peu déphasé. il esquisse un faible sourire quand il me voit.
— wesh...
— j'voulais pas te déranger longtemps, juste savoir si ça allait.
il s'enfonce un peu plus dans le canapé.
