rembrandt is shook

4.8K 255 28
                                    

j'avais presque oublié à quel point galérer chez soi c'est nul.

quand je taffais j'attendais que ça, maintenant que je suis free, je le supporte pas. un jour de plus et je pète un câble.

j'ai appelé le pote de doum's pour le job, il était pas dispo mais m'a donné rendez-vous avec quelqu'un d'autre cet après-midi dans un café pour en parler.

en attendant, je transpire des aisselles devant mon ordi quand je vois les prix étourdissants des appartements.

la première pensée que j'ai eue, c'est que j'allais rester ici toute ma vie.

puis la seconde, c'est me mater tous les ocean's pour m'inspirer sur comment braquer ou détourner de la thune intelligemment.

ivy aussi m'a appelée, j'ai répondu pour qu'elle arrête de se torturer. elle savait pas quoi dire, la pauvre. alors je l'ai rassurée comme je pouvais en lui disant que je ne lui en voulais pas. après tout, je savais que je devais me débarrasser de cette lettre et ne pas la laisser en évidence.

peut-être qu'inconsciemment, je voulais que l'on sache.

peut-être qu'inconsciemment, je veux qu'on m'aide à sortir de cette spirale infernale, mais j'ai trop d'orgueil pour ne serait-ce que l'admettre.

je soupire et me décide d'aller à la douche pour me préparer gentiment. j'ai rendez-vous dans un peu plus d'une heure.

pas de make up, juste de deux tresses collées pour faire style je suis coiffée et je m'arme de mes jordan 1 rétro high que j'avais pas sorties depuis des siècles. j'arrive pas à mettre la main sur mon col roulé noir un peu oversized, alors je jette mon dévolu sur un hoodie blanc. ça fera l'affaire.

un coup de parfum, mes écouteurs et on est parés.

il est gentil le pélo mais il m'a donné rendez-vous à l'autre bout de paris. ce qui fait que j'ai le temps de cogiter sur tout ce qui s'est passé ces derniers temps. avec ivy, avec ken...

c'est nul depuis qu'on ne se parle plus. mais ça me rassure. je me connais, la misanthrope que je suis est incapable de gérer ses émotions quand il s'agit des hommes. ou plutôt des hommes super cool et super attirants comme ken.

j'ai toujours pas trouvé son vice d'ailleurs, ça ne saurait tarder.

je m'en veux quand même de l'avoir envoyé chier la dernière fois. c'est la dernière personne qui mérite mes sauts d'humeur en plus. je regrette amèrement. j'hésite à m'excuser.

s'excuser pour aller où, même ?

voilà pourquoi je me hais moi-même. c'est à cause de ce foutu égo surdimensionné que je fais du surplace.

je sors mon téléphone de ma poche.

mais si je me fais recaler c'est chaud quand même.

je le range.

ce serait une connerie de rester en froid avec les gens qui ne m'ont rien fait.

je le sors.

mais en même temps il est pas indispensable à ma vie.

je le range.

il a été là pour moi quand j'étais au plus bas.

je le sors une bonne fois pour toute.

peu importe ce qui s'est passé entre nous en vrai, je l'aime bien malgré tout. c'est à moi de changer et faire le pas.

je bidouille une phrase simple incluant le mot « désolée » et envoie avant de descendre à ma station.

"marguerite" est là avant moi, je m'avance pour lui serrer la main. il est surpris mais ne dit rien.

— alors c'est toi la petite protégée de doum's, dit-il en appelant le serveur.

— c'est moi qui le protège.

il rigole.

— et qu'est-ce qu'elle prend la demoiselle ?

• • •

on échange une bonne partie de l'après-midi et je dois avouer que le feeling passe plutôt bien à mon sens. en fait c'est pas lui marguerite, c'est la brunette sulfureuse qui nous a rejoints une heure après, la co-fondatrice, askip. 

au début le sujet tournait autour du poste et des différentes stratégies marketing. j'ai senti qu'ils voulaient me tester, il n'ont pas été déçu. maintenant il me parle de la dernière connerie qu'à faite son frère.

passer du coq à l'âne, le passe temps favoris d'Alpha. d'ailleurs il fait beaucoup plus mature que le reste de la troupe. doum's aime trop jouer les cachottiers. J'avais déjà croisé ce binoclard à certaines soirées sans vraiment le calculer. si j'avais su que c'était lui, j'aurais été plus tranquille. il l'a fait exprès, sans doute. 

sur la fin je lui ai donné numéro et il a dit qu'il m'appellerait après avoir réfléchi. sur ces paroles, nous nous séparons.

en soi on me demande pas grand chose si ce n'est un peu de logistique et de marketing digital. on verra bien ce qu'il en est.

alors je fais le chemin inverse jusque chez doum's en constatant que ken ne m'a pas répondu. j'ai un léger pincement au coeur mais après tout c'était prévisible. qu'est-ce qu'on peut répondre à un minable « je suis désolée ? »

rien.

et c'est mieux ainsi. au moins j'ai honoré ma part de responsabilité, disons.

— alors, comment ça s'est passé ? demande doum's lorsque je franchis le seuil de la porte.

surprise, j'hausse un sourcil et souris. il est trop mignon, à croire qu'il m'attendait.

— c'est par curiosité, j'men fous de ta vie. dit-il en décelant mon sourire en coin.

— c'était cool. il a dit qu'il me rappellera peut-être, marguerite a l'air cool. on verra. 

il tship puis me tcheck.

— il te rappellera. il veut jouer les gars mystérieux pour rien. du alpha tout craché. 

— eh d'ailleurs c'est quoi son nom à celui-là ?

— demandes, lui wesh.

il hausse les épaules puis disparais derrière la porte d'entrée.

je l'entends à peine dire qu'il rejoint sa dulcinée que la porte claque et résonne dans l'appartement désormais vide.

je soupire et je me dirige vers ma chambre.

d'un pas lourd, j'ouvre la porte un peu trop fort. cette dernière cogne sur le tableau que doum's m'avait donné à l'ancienne.

déjà dans une position pas très stable, je le vois vaciller puis tomber dans un bruit sourd.

— merde, je souffle.

en le ramassant, je sens le cadre se briser sur le coin du bas. puis, une déferlante de blocs enveloppés dans du film plastique.

prise de panique, je repose le tableau au sol et ramasse l'un des blocs.

— j'hallucine...

j'avais d'abord pensé à de la coke mais c'est mieux que ça, ce sont des liasses de billets. 

ShinkūWhere stories live. Discover now