plan z

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— merci, je murmure dans un souffle.

je reste un instant immobile afin de ressentir chaque mini spasme jusqu'au dernier, avant de me questionner.

qui dit merci après un orgasme ?

c'est hyper malaisant comme situation, mais je me suis sentie obligée, j'ai kiffé ma vie pendant ces cinq petites secondes avant qu'elle ne redevienne insignifiante.

— ben... de rien, répond le bouclé que je ne vois même pas.

je souffle du nez, il me fait rire. je me détache de lui et me couche à ses côtés et on reste dans ce silence obscur un petit moment. ça ne me gêne pas, ça me force à cogiter sur les questions existentielles que je mets un peu trop de côté.

ça va faire trois semaines qu'on se fréquente sasha et moi, c'est cool mais on n'a pas vraiment défini notre relation.

est-ce que ça a réellement de l'importance ?

c'est vraiment un truc de meuf ça, de vouloir mettre des étiquettes sur tout et n'importe quoi. je suis sûre que lui de son côté, il est encore en train de passer en boucle notre partie de jambes en l'air.

il faut que je me détende, c'est peut-être mieux comme ça, finalement. soutirer ce qu'on veut de quelqu'un sans forcément devoir s'engager dans des situations prises de tête.

— à quoi tu penses ?

eh merde.

comment il peut savoir que je prends la tête, on est dans le noir. c'est une des conditions que j'ai posée avant qu'on passe aux choses vraiment sérieuses, un truc de complexée, passons.

— à rien, t'inquiètes.

— je te dépose chez toi ? il propose.

je me réfugie sous les draps et me décider à allumer la lumière pour le regarder. il est sérieux le pélo de me virer de chez lui après la livraison sexe à domicile ?

— t'es pressé ? je demande.

son regard dévie sur mes lèvres.

— non, même pas. j'suis attendu quelque part à vingt heures, c'est pour ça.

— ah.

d'ailleurs quand j'y pense, il ne m'a présentée à personne de son entourage. il aurait au moins pu me proposer de l'accompagner pour ce soir, non ?

j'ai fait un effort en plus, j'ai mis du mascara. doum's m'a même complimenté en qualifiant mon regard de biche ou de bitch j'sais plus.

sois réaliste kamiya, t'aimes pas les gens.

j'avoue faut que j'arrête de vouloir chercher le conflit, il me facilite la tâche en me laissant entre parenthèses. moi non plus je l'ai pas introduit, restons dans ces termes.

— je peux au moins fumer ma clope, ou... ?

je demande en renfilant mon t-shirt. il se lève et me jauge du regard, sûrement pour y déceler une quelconque colère.

— bien sûr, t'es fâchée ?

à peine.

— nan t'inquiètes, moi aussi j'avais des trucs à faire maintenant que j'y pense, je dois aller voir ma pote...

j'enfile ma culotte et me lève d'un bond.

en y réfléchissant c'est pas tellement le fait que notre relation soit cachée et non identifiée qui me gêne, c'est surtout que son mode d'action est assez récurrent.

ShinkūWhere stories live. Discover now