différent

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j'suis tellement étonnée que j'ai senti mon cœur vibrer sous ma poitrine. 

— « j'te demande pas comment t'as eu mon numéro. dis-je simplement.

— par ivy, on est aux urgences, elle est pas bien ta pote. »

je me redresse instantanément.

— « qu'est-ce qui se passe ?

— j'sais pas, on pense qu'elle a fait un bad trip mais ça s'annonce un peu plus hardcore que prévu.

— vous êtes où ? »

il me file l'adresse de l'hôpital et je me rhabille en vitesse sous le regard interrogateur de yeux bleus qui croyait reprendre possession de ma bouche.

pas si vite, mon grand.

— j'suis désolée, y'a un souci avec ma meilleure pote, elle est à l'hosto.

— tu veux que je t'emmène ?

je réponds par la négative tout en le remerciant et il me raccompagne à la porte.

— pas trop déçu ? je ne peux pas m'empêcher de demander.

il répond à mon sourire après avoir ouvert la porte. il m'embrasse à nouveau. un baiser mouillé qui annonce la couleur.

— je me contenterai de ça.

— à lundi, alors.

un dernier regard et je lui tourne le dos pour dévaler les escaliers. ivy, qu'est-ce que t'as foutu encore ?

• • •

j'arrive aux urgences non sans peine. j'ai voulu prendre les transports puis je me suis résignée à prendre un uber. il m'a pris 30 balles pour traverser deux arrondissements cette enflure.

je la retrouve dans la salle d'attente avec deen, ken et sneaz. moi qui pensais qu'elle passait la soirée qu'avec le brun...

— comment tu te sens ?

elle sourit faiblement, c'est ken qui prend la parole.

— ils veulent lui faire quelques analyses j'sais pas quoi...

j'hoche la tête et deen me fait une place entre lui et la brune. je le remercie. le silence est de rigueur. sneaz fait la conversation avec k et deen tandis que je regarde ivy. elle n'a pas l'air si mal que ça, en vrai.

— qui paye sa clope ? demande deen.

je m'apprête à me lever mais ivy me retient. je tend mon paquet au barbu qui me remercie et il sort, suivi des gars.

— qu'est-ce qui s'est passé ? je demande alors.

elle penche sa tête en arrière puis daigne enfin me regarder. cette fille ment mal.

— pourquoi ça m'arrive qu'à moi... geint-elle.

nous jetons un oeil aux gars pour nous assurer qu'ils sont assez loin et elle reprend.

— ça s'est pas trop bien passé avec ken... avoue-t-elle.

— comment ça ?

elle souffle.

— il était pas grave pas réceptif, j'crois qu'il s'en balec' un peu.

je roule des yeux.

— frère, pourquoi tu me racontes tes soucis avec ken, racontes moi ce qu'on fout là.

elle dévie le regard, je le savais.

— j'ai rien. j'ai fait semblant pour arrêter le massacre.

— t'es sérieuse ivy ? j'ai flippé putain.

je connais cette meuf comme ma poche, c'est indéniable.

— ça se passait trop mal, enfin je veux dire... je voyais qu'on n'était pas sur la même longueur d'ondes même si on délirait et tout... c'était... bizarre.

mon regard s'attarde sur le concerné au loin qui nous regarde une fraction de seconde.

j'adore nos eye contacts.

qu'est-ce que je raconte ?

— c'est un bon gars mais on restera potes, c'est sûr. alors j'ai commencé à être en hypo parce que j'avais rien mangé de la journée. je me suis appuyée sur ça pour faire mon cinéma. je pensais pas qu'il le prendrait aussi sérieusement...

je passe ma main sur sa frange pour lui remettre quelques mèches en place. petite ivy, elle me fait de la peine mais je ne sais absolument pas comment la consoler.

— des mecs y en a des tas, ivy.

— je sais, mais ken il est différent.

silence.

— tu sais ce que c'est fais pas genre, avec-

— ouais, je sais, ne dis pas son nom. je la coupe, blasée.

j'suis sur la bonne voie pour l'oublier en tous cas, ce bâtard.

— on fait quoi, maintenant ? je demande après un moment.

— je fais leurs analyses, pas le choix.

— viens on se barre, nan ? je propose.

— non kam, on va dire quoi aux gars ?

j'hausse les épaules.

— que tu vas mieux ?

— non, même vis-à-vis de l'hosto, ça se fait pas.

je souffle et finis par acquiescer. tant pis si je passe mon vendredi soir à l'hôpital, ça me fais deux sorties en une soirée. une première dans ma piètre vie.

je me lève et rejoins le petit comité dehors, moi aussi j'ai besoin d'une clope.

— ça va toi ? demande deen.

— tranquille, vous avez du feu ?

ken me tend son briquet, je le remercie.

— c'est gentil d'être resté avec elle.

— normal, on allait pas la laisser comme ça... répond sneaz.

— c'est ken superman, c'est lui qui nous a appelé, poursuit deen.

— j'vous ai appelé parce que j'ai pas de caisse les gars.

on rigole et je tends de nouveau le briquet à son propriétaire. le contact de ses doigts chauds sur les miens me bouscule un peu. c'est juste anodin, mais avec lui c'est pas pareil.

elle a raison ivy, avec ken c'est différent. 

ShinkūWhere stories live. Discover now