ligaments croisés

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quand t'aimes pas les gens, il n'y a rien de pire que de vivre entourée. et d'autant plus quand t'as un problème avec la gente masculine, le taux de testostérone incessamment palpable est rapidement fatiguant.

je veux pas être ingrate. je dois tout à doum's de m'héberger et de m'aider sans même chercher à comprendre le pourquoi du comment alors je me la ferme et fais mine de sympathiser.

aujourd'hui j'ai fait la connaissance d'un certain lo. il est gentil avec sa petite voix là.
j'ai pu échanger avec lui sans avoir à réfléchir sur ce que je devais dire ou pas et mine de rien ça fait plaisir.

j'ai fui comme une lâche quand le tressé m'a proposé de passer une soirée avec la team « au complet ». j'ai prétendu avoir un truc de prévu et je suis partie me réfugier dans les escaliers de l'immeuble. j'ai quand même réfléchi à un plan un peu plus dynamique en amont mais le fait est qu'à part ivy j'ai personne chez qui aller et il fait plutôt froid dehors.

au début je me suis trouvée minable mais je me répète qu'il y a bien pire dans la vie que de passer sa soirée dans une cage d'escalier sans lumière aux effluve de pisse. en plus, je capte encore la wifi de chez doum's. un petit netflix and chill low cost en perspective.

j'ai déjà fait tous mes calculs. j'suis sortie à vingt et une heures, je compte revenir pour une heure et demie, deux heures. on est en semaine, ils vont pas s'éterniser les petits. et puis dans le cas contraire, l'heure sera le prétexte pour aller me coucher sans calculer personne.

il est actuellement vingt trois heures quarante quatre. plus que deux heures.

ma série me fait passer le temps, mais je m'interromps toutes les trente secondes quand j'entends qu'une porte claque. heureusement je suis au cinquième étage, y a que des forceurs pour prendre les escaliers dans cette circonstance.

— wesh.

je relève la tête et tombe nez à nez avec ken. je suis dépitée. la probabilité pour qu'un forceur prenne les escaliers aujourd'hui, à cette heure-ci, et que le dit forceur soit lui ?

— qu'est ce tu fous là ? Me demande-t-il, amusé après avoir retiré son écouteur.

2 secondes pour trouver une excuse qui tient la route et l'éloigner au mieux de ce qu'il pense.

— j'ai... j'suis bourrée.

je fais exprès de balbutier pour rendre mes paroles plus vraies. si ça marche auprès de lui, ma conscience, elle, me juge gravement.

— j'suis tombée dans les escaliers et... impossible de me relever et j'ai un mal de crâne putain...

je simule ma douleur imaginaire en appuyant ma paume sur mon front. le brun m'observe, incrédule.

— ah ouais... t'as du te faire mal. dit-il sans conviction.

— j'sais pas... j'ai mal au genou, je geins.

il s'agenouille pour me faire face les yeux sur mes jambes.

— t'as mal où ?

je soupire intérieurement. il est mim's eye contact mais il le serait d'autant plus s'il se contentait de ce qu'on lui disait.

— c'est rien, t'inquiètes.

— j'suis sérieux, j'ai un pote, pareil il s'est crouté sur le trottoir il croyait qu'il avait rien et finalement il s'est pété le ménisque.

— ah c'est pas très très cool...

il m'interroge de nouveau du regard et je lui désigne le genou gauche. il me demande si je peux me lever, lui demande alors s'il est médecin. il sourit.

— je répare pas les genoux mais j'essaye de réparer les cœurs.

je m'attendais pas à cette réponse. il m'intéresse.

— comment tu t'y prends ?

un clin d'œil en guise de réponse, il se redresse et m'aide à faire de même.

— t'embêtes pas, ça va.

— force pas trop, on sait jamais. mais pourquoi t'as pas appelé doum's ?

j'suis prise de court alors je hausse les épaules et fais mine d'avoir du mal à monter. il m'attrape par la taille et fais passer mon bras droit sur ses épaules pour me maintenir. cette proximité me gêne bien plus que je ne veux me l'admettre. mais je n'ai pas le choix maintenant, faut mentir jusqu'au bout.

nous montons les deux, trois marches qui nous séparent du cinquième étage tranquillement. heureusement j'étais pas descendue bien bas.

il ouvre la porte d'entrée préalablement ouverte et nous passons inaperçus devant la vingtaine de personnes qui rigolent et parlent fort. il se détache de moi pour me laisser longer le couloir donnant sur la chambre du fond mais il reste sur mes talons.

— ça va aller ? demande-t-il quand j'ouvre la porte.

je pose machinalement la main sur mon genou et grimace. toujours plus kamiya.

— ouais t'inquiètes, ça m'a pas l'air si grave.

il me jauge du regard et hausse un sourcil.

— je croyais que t'avais mal au genou gauche ?

je vérifie moi même et constate que j'ai posé ma main sur mon genou droit. je sens la honte me submerger et me mords machinalement l'intérieur de la joue. il est trop vif ce batard.

pourtant, je vois à son air qu'il n'est pas énervé ni saoulé. Il doit simplement se poser des questions qu'il se retient de me demander.

— wesh kami, déjà finie ta soirée ? demande doum's en arrivant.

c'est le coup de grâce.
ken a du tout comprendre maintenant. mais il ne dit rien et nous fausse compagnie.

— ouais, c'était pété... dis-je d'une petite voix.

le tressé rigole et m'ébouriffe les cheveux en m'invitant à les rejoindre. je décline en simulant un mal de crâne.

je mens trop, déjà ça c'est chaud. mais eye contact il sait que le mens, c'est encore plus chaud.

🥀

je ne sais pas si c'est long à démarrer ?
n'hésitez pas à donner des feed-back !

ShinkūOù les histoires vivent. Découvrez maintenant