confidences

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dans la vie faut savoir choisir entre la fierté ou être entourée. les deux ne sont pas compatibles.

donc j'ai fait profil bas et j'ai rappelé ivy. j'ai laissé passer deux longs jours avant de tout lui expliquer. elle s'est pointée chez doum's dans la foulée.

— t'es malade toi, putain.

je roule des yeux mais me tiens au silence. faire la daronne c'est son deuxième passe temps après casser les couilles.

— j'me suis inquiétée de fou, j'ai pleuré et cet enculé de doum's c'est mieux il m'adresse même pas la parole.

je souris malgré moi. le renoi m'a couverte quand elle l'a appelé pour savoir si j'étais là hier. il a pas voulu se mêler.

— ivy je vais bien regardes, je vis.

ma nonchalance ne lui plaît pas apparemment. j'ai sorti cette phrase sans même la penser. une réponse automatique. et ça s'est ressenti, sans doute.

— j'ai quand même mal pris que tu sois partie. je voulais pas dire ce que j'ai dit la dernière fois.

— et moi je t'en remercie.

c'est bien de redescendre sur terre par moments, j'étais trop le déni. je lui en voudrais jamais de me dire la vérité. même si toutes les vérités ne sont soit -disant pas bonnes à dire. l'honnêteté est tellement rare de nos jours, je suis l'exemple vivant.

— t'avais raison ivy, et puis je te pompais l'air... je rajoute.

— pas du tout. c'est une première pour moi dans la colocation, faut me laisser le temps.

je ne réponds pas, j'ai rien à rajouter. ça me saoule de parler de ça. pour une fois j'ai envie de profiter d'une soirée normalement sans avoir à me cacher ou mentir pour éviter le bail. je reconnais certains pelos rappeurs dont le rebeu et mon chauffeur uber de la dernière fois. d'ailleurs il vient a notre rencontre.

— salut deen, souffle ivy entre deux bises.

le concerné me salue à mon tour. il sent bon, j'aime bien.

— souris dans ta vie, non ? il souffle à mon encontre.

je grimace et il prend place entre mon amie et moi. on pourrait croire qu'on échange tous les trois mais en réalité je les regarde parler et reste en retrait. je n'écoute rien de ce qui se raconte.

j'étais déconnectée jusqu'à ce que je croise ken au loin qui me fait signe. j'y réponds brièvement et puis je ne suis pas en mesure d'expliquer la suite.

on s'est regardés longtemps. j'ai pas fait attention au début. je me suis d'abord perdue dans ses yeux parce que c'est devenu une habitude. après ça mon regard a dévié et je me suis mise à le détailler. j'ai scanné son faciès comme pour m'imprégner du moindre détail, tout en me demandant ce qu'il pouvait bien penser de moi après l'épisode des escaliers et mon histoire de genou totalement inventée.

je me lève quand je me rends enfin compte que le contact visuel dure un peu trop longtemps. je me réfugie dans la cuisine déserte et me sers un bon verre de punch. je sais pas ce qui me prend, mais quand il est là je suis jamais vraiment à l'aise.

pourtant c'est pas un relou, il est chelou à sa manière comme tous les artistes, mais ça va au delà de ça. c'est les échanges, c'est nos contacts visuels. c'est anodin comme ça mais j'admets enfin que ça me fais quelque chose. et le punch est là pour m'aider à me faire oublier la raison.

il me fait penser à mon ex.

c'est pour ça que je suis obnubilée par chacune de ses paroles et de ses gestes. il lui ressemble. j'aime pas.

et en plus il est attrayant. j'aime encore moins.

ce gars c'est le mauvais bail. il est sympa, il prend pas la tête et en plus il est canon. obligé il a un vice. il a une belle façade mais dieu seul sait l'état dés fondations.
bref, ça me regarde pas. j'avale le verre d'une traite qui me brûle la gorge. j'ai intérêt à trouver une raison de l'éviter fissa.

— ok kam tu vas me juger mais je m'en fous je peux plus garder ça pour moi...

ivy déboule dans la pièce avec le scoop de l'année, à l'entendre. je sursaute sur le coup, elle m'a surprise.

— t'as vu ma vie ? j'suis qui pour juger... je réplique sans enthousiasme.

elle ignore ma réponse tout en fermant la porte derrière elle et me rejoint près du plan de travail.

— mets moi la dose, dit-elle en désignant le punch.

— à ce point là ?

elle hoche la tête, boit cul sec le verre que je lui tends après l'avoir servie et murmure presque :

— ken il me fait un putain de truc.

ShinkūWhere stories live. Discover now