machine arrière

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— c'est doum's qui a gaffé.

on embarque dans une ambiance glaciale. autant dire que je n'ai jamais autant voulu rentrer chez moi depuis ce weekend foireux.

on n'a pas reparlé de mes aveux de la journée, mais arrivées à l'aéroport j'ai décidé de crever l'abcès. il m'insupportait trop ce silence, puis je me sens trop coupable pour me contenter de ça. je préfère qu'elle m'hurle dessus ou qu'elle m'insulte.

— évidemment, je marmonne pour moi-même.

— tout le monde a fait un effort surhumain pour ne pas que je sache. crois-le ou non, il n'a pas fait exprès. réplique-t-elle sèchement.

je gratifie le steward d'un sourire crispé puis je suis la brune dans l'allée jusqu'à nos places.

— je suis désolée ivy, dis-je finalement après m'être installée. j'ai tellement eu peur que...

— que quoi, kamiya ? de quoi tu peux avoir peur toi ? tu te casses à l'autre bout du globe sur un coup de tête, tu goomes des inconnus dans la rue à mains nues... et j'en passe. mais t'as peur de me dire la vérité, à moi ?

elle ricane et se tourne vers le hublot. je soupire.

— ivy, tu sais que c'est pas pareil, je veux dire... t'avais des vues sur lui au début...

elle se retourne violemment.

— c'est ça ton excuse ? ça ne t'a pas empêchée de coucher avec, pourtant.

ça pique mais c'est vrai.

j'ai pas respecté ce code de l'amitié en mon âme et conscience. et ça ne m'a pas empêchée de dormir.

— je suis désolée.

— allez, va.

le commandant de bord nous interrompt et nous fait couper court à la discussion. je fais style d'écouter au début, mais je craque et chuchote.

— je n'ai pas prévu que ça se passerait comme ça, j'avais ma vie de merde et j'essayais d'oublier mes problèmes. j'ai pas voulu te manquer de respect. j'ai juste été égoïste.

elle ne répond pas.

les hôtesses de l'air nous font leur chorégraphie habituelle avec une pointe d'humour. mais ça ne me fait même pas souffler du nez.

pourvu qu'on rentre vite, sérieux c'est trop tendu pour moi.

— de toute façon quand on regarde bien... c'est juste l'histoire de ma vie. reprend-t-elle.

je l'interroge du regard.

— d'être dans ton ombre. c'est toujours kamiya qu'on veut.

— ivy...

— au lycée déjà, avec le portugais là, comment il s'appelait déjà ?

je plisse des yeux.

— dylan ? le mec avec qui je suis sortie deux semaines ?

— ouais. j'étais folle amoureuse de lui en seconde, il m'a jamais donnée l'heure.

je tombe des nues. elle est en train de me faire mon procès, là ?

— arrêtes, ça n'a aucun rapport... je répond, ennuyée.

— ah ouais ? et avec mon pote de fac raphaël ?

— mais qu'est-ce que tu racontes ? il s'est rien passé passé avec lui ! je réplique du tac au tac.

— parce que tu ne voulais pas ! t'es débile ou quoi ?

ShinkūWhere stories live. Discover now