Sympa.
le seul mot qui me vient à l'esprit lorsque je franchis le seuil de la porte. l'appart du brun est simple et épuré. une déco plutôt minimaliste hormis un disque de platine qui traine au sol contre la rambarde du canapé du petit salon. les murs sont d'un blanc immaculé, l'un deux est orné de polaroïds griffonnés au marqueur. la télé est le meuble le plus imposant de la pièce.
— j'te fais la visite ? il propose.
j'acquiesce d'un haussement d'épaules. chez lui tout est plus ou moins petit hormis la chambre. elle doit faire à elle-même la surface entière de toutes les autres pièces réunies. près de la porte fenêtre, j'y vois un home studio, les murs sont tous habillés de cadres, photos et textes. il a joué avec les différents luminaires, certains sont à même le sol et apportent une dimension un peu plus intimiste, le plancher craque sous nos pas.
je suis sous le charme.
— bon le seul truc relou c'est que t'es obligée de passer par ici pour accéder à la salle de bain, dit-il simplement.
— ça passe, il est cool ton appart.
— j'y suis quasiment jamais mais ouais, il fait le taf.
nous retournons dans la pièce à vivre, que je continue d'inspecter pendant qu'il va nous chercher de quoi boire. je décide de me détendre un peu plus lorsque je me rends compte que je me tiens droite comme un piquet sur le seul canapé du salon.
ça va, tu vas t'en remettre ?
ma conscience est dure, mais elle est pragmatique.
ken est cool, il est toujours là quand je suis en galère et ne me demande jamais de compte. la moindre des choses est de jouer le jeu et de laisser de côté les fausses mondanités.
— j'ai de la bière, du gin et... commence-t-il en amenant un plateau.
— une bière c'est parfait, merci.
il s'empare alors de la bouteille et la décapsule.
— ça dit quoi le taf, là ? il demande pour faire la conversation.
je souris, le regard vague.
— le FC chômage reprend du service.
— mais nan ? dit-il en s'asseyant à son tour.
— si gros, j'ai démissionné.
— qui va me conseiller sur mes baskets maintenant ?
je souffle du nez.
— je pourrais toujours te donner des conseils avant que t'achètes, c'est pas le souci. quand on a un flow légendaire comme le mien, on se doit de faire kékro son savoir, quoi qu'il arrive.
il rigole et allume la télé.
— ton flow de mec de tess, là ? il répond, amusé.
— poto, j'ai mis une jupe la dernière fois, je varie.
— ouais, ça t'allait bien.
silence.
même si c'est toujours sympa d'avoir des compliments, j'sais jamais quoi répondre.
heureusement, il reprend.
— et ton mec, il dit quoi ?
un léger rire m'échappe.
faut qu'il arrête j'vais finir par croire qu'il se renseigne à mon sujet, pour je-ne-sais-quelle-raison mystérieuse.
— considères qu'il n'est plus d'actu.
