si un jour on m'avait dit que je m'inscrirais sur une appli de rencontre, j'aurais ri d'un bon rire gras et condescendant.
mais bon il n'y a que les cons qui ne changent pas d'avis, askip.
j'arrive pas à me dire que je suis désespérée. nan, j'ai juste besoin de compagnie, disons.
j'ai un job, un appart, selon ma liste imaginaire il ne manque le boyfriend et le chien pour être un temps soit peu comblée.
je n'ai mis qu'une seule photo parce que je suis nulle avec les selfies. j'ai mis celle qu'ivy avait pris de moi il y a des millénaires, et apparemment je ne suis pas si cheum, j'ai quelques coeurs par ci, par là.
yassine, 18
trop jeune.
morgan 37
trop vieux.
gauthier, 23
trop égocentrique.
obede, 26
pourquoi pas.
son message arrive dans la foulée. un salut suivi d'un émoji « peace » qui me fais grimacer. je ne sais pas du tout comment poursuivre ce genre d'approche. c'est tout nouveau pour moi.
on échange un bonne partie de l'après-midi avant de me décider à fermer l'appli et de me concentrer sur le taf. aujourd'hui je finis un peu plus tard pour faire l'inventaire des stocks. alors marguerite m'a proposé de faire un after work avec des amis à elle. la flemme de socialiser mais bon c'est pas le genre de bail qui se refuse, encore moins quand c'est la première fois.
— tu vas voir, ils sont cools ! me dit-elle tout sourire.
je l'aide à préparer l'apéro. apparemment c'est la reine des cocktails maison. j'ai tenté de faire un caïpirihna mais je ne suis absolument pas sûre qu'il soit quali.
ses potes se pointe sur les coups de vingt et une heures. deux mecs et trois filles plutôt marrantes. les mecs restent dans leur coin au début, puis on finit par tous échanger au fil de la soirée.
sur les deux keums y en a un qui me tape un peu plus à l'œil. le genre de petit brun ténébreux et discret qui se masse le bouc quand il cherche ses mots. il me fais penser à quelqu'un, tiens...
— levy, t'as pas touché les tapas, tu veux rien ? demande marguerite au beau brun.
— nan, ça va. merci. dit-il en me regardant.
un regard succinct qui se termine par un léger sourire. c'est ça qu'on aime.
clairement la soirée se passe. les gens sont cool mais sans plus. j'ai plus appris sur leur vie qu'ils en ont appris de la mienne. en même temps je ne suis pas très bavarde, j'admets. on peut pas évoluer sur tous les points en même temps, pardi.
quand la conversation s'éternise autour de leurs délires persos, je sors mon tel et en profite pour parler à mon prétendant de la journée.
princesse de l'amour, who?
j'adore endosser le rôle de la bachelorette au coeur de pierre qu'il faut séduire. en plus le boug est éloquent, il sait me faire rire, c'est bon signe. je mentirais si je disais que je croyais un temps soit peu à notre idylle mais sait-on jamais. il me propose d'ores et déjà qu'on se capte vendredi soir.
dans 3 jours, donc.
pourquoi pas, en vrai. je n'ai rien à perdre je crois. et puis il est drôle. je risque pas de m'ennuyer.
