les vieux démons

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— ça va, t'es bien rentrée ? je demande quand elle m'invite à m'assoir.

— ouais, tranquille...

je ne perçois pas une once de chaleur dans ses mots. heureusement que j'ai un gilet, j'ai envie de dire.

de toute façon je sais que c'est à moi d'amorcer, alors je ne perds pas de temps et me lance.

— je vis mal la situation...

elle ne répond pas tout de suite.

— je suis consciente d'avoir dépassé les bornes avec toi, je t'ai grave négligée alors que t'as toujours été là pour moi, je...

la brunette ne me regarde même pas. elle s'allume une clope et fixe un point imaginaire à mon opposé.

— j'suis bizarre, je sais...

— je te comprends pas kamiya. sérieux.

là j'ai enfin le droit à un regard.

— tu peux le dire si tu traînes avec moi que par intérêt.

elle est sah, là ?

ma bouche veut répliquer du tac au tac mais je l'en empêche fisse avant que ça parte en live. je me sens bouillir de l'intérieur, mais en vrai je m'y attendais. elle aime trop faire ça ivy.

raconter de la merde pour provoquer, c'est son dada.

— quel intérêt ? parce que j'ai vécu chez toi ? parce que tu m'as avancé de la thune ?

— nan pas forcément... juste parce que t'as besoin de quelqu'un, d'une présence. mais que ce soit moi ou quelqu'un d'autre, ce serait pareil au final.

— j'vois pas pourquoi tu dis ça...

elle soupire et se lève pour faire les cent pas.

— t'es une âme solitaire, tu laisse personne rentrer dans ton cœur.

— n'importe quoi ! je réponds.

— tu sais pas entretenir de relation de n'importe quel nature qu'elle soit kamiya.

— mais c'est quoi le rapport avec...

— tu fais du mal aux gens frère ? t'es là dans ton cosmos, tu calcules personnes, tu nous donne même pas la chance de compter pour toi, tu préfères faire ta vie en solo... t'es misanthrope, kamiya.

je la dévisage, ahurie.

j'sais même pas ce que ça veut dire.

— t'aimes pas les gens. dit-elle en me voyant perplexe.

breaking news.

— et donc ? dis-je en haussant les sourcils.

— parce que tu t'aimes pas toi.

je pouffe d'un air amer. elle a quoi à jouer les psychologues là, j'suis venue pour qu'on s'explique et elle me taille un costard. j'savais que j'aurais du rester chez moi.

— t'as un putain de gros manque de confiance de toi et c'est pour ça que tu foires tout dans tes relations humaines.

— d'accord, c'est bon t'as fini ?

j'suis imperméabilisée par ses mots, ils glissent sur moi sans m'atteindre, clairement.

j'ai jamais entendu un aussi gros flots de conneries mais bon je préfère me contenir. j'ai vraiment envie qu'on arrive à avoir une discussion constructive. je la laisse me faire part de ses analyses farfelues, peut-être qu'après ça, je pourrais mieux l'apprivoiser...

ShinkūWhere stories live. Discover now