Chapitre 7 : Jamie

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Nous passons plusieurs heures assis autour d'une table à parler de Rachel Parks. Et à ignorer complètement le fait que le hacker se soit pris un coup de poing monumental. J'aurais pu faire un commentaire sarcastique ou deux, mais je ne peux pas me permettre de me retrouver un œil au beurre noir. Je mise toujours tout sur mon physique car les gens ont tendance à ne pas être fan des mots qui sortent de ma bouche. Je sais, je ne comprends pas non plus. Je suis très charmant pourtant.

Alyssa pose une longue série de questions à Charlotte, qui répond avec précision et efficacité. Elle s'enquiert de la routine de Rachel, de ses endroits préférés, de ses relations amicales et amoureuses, et même du titre de son roman favori. Sans transition, passe à ses habitudes alimentaires. Existe-t-il un mot plus fort que "minutieux" ?

Pendant ce temps, le hacker et moi ne servons pas à grand-chose. Nous intervenons de temps à autre avec nos propres questions, mais Alyssa n'a pas l'air d'apprécier qu'on perturbe son rythme. Heureusement, elle n'a pas de projectile potentiellement mortel sous la main. J'ai bien compris qu'elle ne voulait pas de moi dans cette équipe. Principalement grâce à mes talents de déduction. Et aussi parce qu'elle me l'a clairement dit. Plusieurs fois. Au moins, si j'avais été viré, je ne serais pas en train de mourir d'ennui.

—    Quand est-ce que l'action commence ? demandé-je en faisant tourner ma chaise à roulette sur elle-même. Ton interrogatoire est beaucoup trop long, Winters. On n'a pas besoin de savoir si Rachel préférait la mayonnaise ou la sauce samouraï.

—    Tu peux te moquer, réplique-t-elle, mais le diable est dans les détails.

—    J'ai presque envie d'aller le rencontrer maintenant. Juste pour mettre fin à mes souffrances. Je croyais que les détectives privés étaient toujours en planque, ou en train de poursuivre des suspects. J'avais aiguisé mes plus beaux couteaux pour cette enquête...

—    En réalité, c'est beaucoup de recherches et de paperasse. Et, attends une seconde... des couteaux ?

—    Quand on sait bien les lancer, c'est un outil très utile.

Alyssa pose sa tête dans ses mains avant de pousser un long soupir. Je vais en déduire qu'elle n'est pas une grande fan des couteaux. Je regarde l'heure sur ma montre et m'aperçois que l'heure du dîner avec mon père et ma sœur approche.

—    Bon, dis-je en me levant de mon siège, je vais devoir vous abandonner. Je sais, ça vous arrache le cœur. Mais n'ayez crainte, chers collègues, je reviens demain. Je viendrai hyper tôt pour rattraper mon retard. Onze heures tapantes.

Alyssa me lance un regard digne d'un esprit maléfique.

—    Très bien, concédé-je. Je serai là à neuf heures. Avec des croissants. Pas la peine de me regarder comme si tu planifiais mon meurtre.

—    Crois-moi, répond Alyssa, il est déjà planifié depuis longtemps. J'hésite juste sur la méthode pour t'achever.

—    On va faire du bon travail, toi et moi, Winters. Je le sens.

Sur ces mots, les trois autres assistants se remettent au travail. Enfin, Alyssa reprend sa liste de questions. C'est vraiment dommage, je ne saurai jamais si Rachel mettait le lait avant ou après les céréales.


Je n'avais pas vu l'intérieur d'un restaurant chic depuis des mois. C'est ce qui arrive quand vous devenez un paria au sein de votre propre famille. Vous êtes privé de nourriture gastronomique. Entre autres choses. Et si je suis parfaitement honnête avec moi-même... Oui, ça m'arrive, parfois... Mon confort de vie me manque. C'est difficile de se voir tout arracher du jour au lendemain. Olivia avait l'air de penser que ce dîner pouvait être un premier pas vers une trêve entre mon père et moi. Mais je ne sais vraiment pas à quoi m'attendre.

Les assistantsWhere stories live. Discover now