Les assistants

Chapitre 24 : Alyssa

Lockhart m'a demandé de venir une demi-heure avant les autres. J'ignore pourquoi, mais j'ai fait le choix de ne pas le mentionner au reste de l'équipe, car je sais que tout ce que ma patronne fait est délibéré. Si elle veut me voir avant, il y a forcément une raison.

Lorsque je sors de l'ascenseur, je suis immédiatement accueillie par Lockhart. D'habitude, elle attend que je vienne la voir dans son bureau pour que je lui fasse un compte-rendu ou que nous puissions organiser la journée à venir. Encore un comportement inhabituel qui me laisse penser que quelque chose ne tourne pas rond.

— Cette réunion ne pouvait pas attendre demain ? demandé-je en guise de salutation. Quel genre d'urgence mérite de faire venir tout le monde un dimanche ?

Lockhart ignore mes interrogations. Elle se contente de brandir un bloc-notes devant mes yeux. Elle a écrit deux phrases sur le papier : Donne-moi ton téléphone. Ne pose pas de question.

— Vous commencez à me faire flipper, dis-je. C'est...

Lockhart tapote la page avec son index. Très bien. J'imagine que je n'ai pas vraiment d'autre choix. J'attrape mon téléphone dans la poche intérieure de mon manteau et je le tends à ma patronne.

Sans dire un mot, elle traverse le couloir pour rejoindre la salle de réunion. Une fois là-bas, elle décroche la grande photo de la Tour Eiffel du mur. Encastré dans le mur se trouve le coffre-fort de l'entreprise. Après avoir entré la bonne combinaison, Lockhart place mon téléphone dans la boîte métallique. Je remarque que le sien se trouve déjà à l'intérieur juste avant qu'elle ne referme le coffre. Mais que se passe-t-il, bon sang ?

— Je préfère prendre mes précautions, explique finalement Lockhart. Il se pourrait que nos téléphones soient sur écoute.

— Qu'est-ce qui vous fait penser ça ? Est-ce que c'est une ruse pour me faire oublier l'histoire avec Evan ? Si c'est le cas, ça ne m'amuse pas du tout.

— J'ai trouvé un micro caché dans mon bureau, Alyssa.

Cette annonce abrupte me laisse sans voix durant un moment.

— Un micro ? répété-je lorsque je retrouve la faculté de parler. Pourquoi quelqu'un aurait-il placé un micro ici ? Et pourquoi ?

— Pour en savoir plus à propos de notre enquête sur le meurtre de Rachel Parks, répond Lockhart sans équivoque. J'ai passé toutes les autres pièces au peigne fin. On dirait qu'il n'y a qu'un seul micro. Je l'ai laissé à sa place pour éviter d'alerter la personne qui l'a placé là. C'est le seul moyen de garder l'avantage.

Les pensées se bousculent dans mon esprit. J'essaye de garder mon sang-froid, comme Lockhart me l'a appris, mais cette situation me met à l'épreuve. Tout à coup, je réalise quelque chose.

— Cette réunion d'urgence... commencé-je, cherchant encore mes mots. Vous avez demandé aux autres de venir plus tard car vous pensez que l'un d'eux est responsable.

Lockhart vient confirmer mes suspicions d'un seul hochement de tête solennel. Je n'arrive pas à le croire. C'est impossible. Ils m'ont tous aidé à progresser dans l'enquête. Charlotte a besoin de réponses. Evan et Jamie ont besoin de l'argent de la récompense. Pourquoi feraient-ils cela ? 

— Je sais que ça doit être difficile à encaisser, dit Lockhart en s'installant à la table. J'aimerais aussi qu'il y ait une autre explication, mais c'est la seule possibilité. Et si tu sais quelque chose que j'ignore, c'est le moment de me le dire.

— Non, je... marmonné-je en m'asseyant en face d'elle. Je ne comprends pas ce qui se passe. Je leur fais tous confiance. Je pensais que...

— Oui, moi aussi. Mais on ne peut pas se laisser aveugler par nos sentiments personnels. Il faut se concentrer sur les faits si on veut résoudre ce problème.