Chapitre 36 : Charlotte

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J'étais censée rester à la maison pour me vider l'esprit en attendant les résultats du piège, mais je n'y parviens pas. Peu importe ce que j'essaye de faire, mes pensées retournent inévitablement vers notre coup de poker. Si cela ne suffit pas à obtenir des réponses, je ne saurais peut-être jamais qui a tué ma sœur. Et cette idée me terrifie.

Après mûre réflexion, je me décide à retourner vers Lockhart Investigations. Ça n'aidera pas les réponses à arriver plus vite, mais ça m'évitera de tourner comme un lion en cage ici. Laurel finirait par remarquer mon comportement étrange et se lancerait dans un interrogatoire interminable. Je me lève du canapé pour aller chercher une veste et une paire de baskets dans ma chambre. Je traverse à nouveau le salon quand la voix de ma belle-mère m'arrête dans mon élan.

— Tu sors ? demande-t-elle d'un ton curieux. Je pensais que tu resterais à la maison ce soir.

— Je vais retrouver Alyssa. Elle a besoin d'aide pour un truc. Je ne sais pas combien de temps ça va prendre.

— Alors, j'ai un petit service à te demander avant que tu ne partes.

Comme mon père l'a demandé, je fais de mon mieux pour être gentille. Je hoche la tête sans montrer mon impatience. Si elle me demande de l'aider à ranger son dressing, je ne pourrais pas empêcher mes yeux de se lever au ciel, en revanche.

— Il me faut la nouvelle combinaison du coffre, reprend Laurel en pointant dans son dos. Celui dans le bureau de ton père. Mon certificat de naissance est à l'intérieur et j'ai besoin d'en faire une copie pour remplir un dossier. Je me sens un peu bête. Ton père m'avait dit de bien me souvenir de la combinaison, mais ça m'est sorti de l'esprit. Toi tu la connais, pas vrai ?

— Euh oui, dis-je, légèrement déconcertée par cette requête. Mais papa n'aime pas vraiment qu'on entre dans son bureau, surtout s'il n'est pas là. Et il remarque toujours le moindre objet qui bouge d'un millimètre.

— D'ordinaire, je n'oserais pas te demander ça, mais c'est assez urgent. Je ferai attention à ne rien toucher. Et s'il l'apprend, je ne dirais pas que tu m'as aidé. Fais-moi confiance, Charlotte.

Malheureusement, je ne suis pas sûre d'en être capable. Je trouve l'attitude de Laurel un peu trop étrange. Elle triture les boutons de son gilet depuis le début de la conversation, et on dirait qu'elle n'arrive pas à rester en place. Je décide d'utiliser la manière la plus logique pour m'extirper de cette situation.

— Tu sais quoi ? rétorqué-je calmement. Je vais envoyer un message à papa pour être sûr qu'il est d'accord. Comme ça, il n'y aura pas le moindre problème.

Laurel tente de protester, mais je me tourne déjà vers la table basse, là où j'ai laissé mon téléphone un peu plus tôt. Enfin, j'aurais pu jurer l'avoir fait. Mais quand je baisse les yeux, je ne trouve rien. C'est étrange, je...

J'entends un déclic derrière moi. Avant même que je ne comprenne ce qui se passe, tout mon corps se met sur le qui-vive. Je me retourne lentement et je découvre avec horreur que Laurel pointe un pistolet droit vers moi. Qu'est-ce que... Il faut un instant à mon cerveau pour s'ajuster à ce que je vois. Face à ma confusion, Laurel sourit. Un sourire qui me glace le sang de façon instantanée.

J'essaye de parler, mais les mots refusent de sortir. Laurel sort son téléphone de la poche arrière de son jean pour me le montrer. Non, le sien n'est pas de cette couleur. C'est le mien.

— Tes amis ont essayé de te joindre, explique ma belle-mère. Votre piège a fonctionné, apparemment. Ils savent ce que j'ai fait. Il y avait quelque chose sur le disque dur, c'est ça ? J'aurais dû me méfier. C'était trop beau pour être vrai, mais je devais prendre le risque.

Les assistantsWhere stories live. Discover now