Chapitre 22 : Eloise Lockhart

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Une fois que Victor est autorisé à ramener sa fille à la maison, je prends ma voiture pour retourner au bureau. Les assistants sont déjà en route vers l'hôtel pour leur mission de surveillance. Je me retrouve donc seule. Pour être honnête, le calme est le bienvenu après l'agitation du service d'urgences de l'hôpital.

Une vague de froid m'assaillit lorsque je pousse les portes de mon bureau. Je décide d'allumer un feu de cheminée avant d'ôter mon manteau. Je me sers un verre de bourbon et je m'affale sur ma chaise. Je suis habituée aux situations imprévues, mais l'accident de Charlotte m'a touchée de près. Ces jeunes sont tous sous ma responsabilité, après tout. Je n'imagine même pas l'état dans lequel je serais si un tel incident s'était produit pendant les heures de travail.

Et d'une certaine façon, Charlotte est celle que je connais depuis le plus longtemps. Je l'ai vue grandir au travers des anecdotes que Victor m'a racontées au fil des années. Ses premiers pas, ses chagrins d'amour, ou encore ses prouesses académiques. C'est étrange de se dire que je connais toutes ces choses à son sujet, alors qu'elle n'a dû entendre mon nom qu'une poignée de fois au cours de sa vie.

Maintenant que la chaleur du feu de cheminée a envahi la pièce, je me mets au travail. J'examine les dossiers envoyés par des clients potentiels. Un mari qui soupçonne l'infidélité de sa femme. Un homme d'affaires qui ne fait plus confiance à son associé. Et une mère qui recherche son enfant biologique. Je pense donner priorité à cette dernière affaire. Une noble cause saura probablement me changer les idées.

Par mégarde, je laisse tomber mon stylo. Il roule sur la moquette jusqu'à se nicher tout au fond de l'espace creux de mon bureau. Tout en soupirant, je sors de mon siège pour m'agenouiller. Je tends le bras une première fois, mais ma main n'arrive pas suffisamment loin. Je me baisse alors davantage, cherchant l'objet du regard malgré le manque de lumière en-dessous du meuble.

Au même moment où mes doigts se posent sur le stylo, je remarque un petit objet collé au bois de mon bureau, dans le coin supérieur gauche. Je pense d'abord que mes yeux me jouent des tours, mais je dois vite me rendre à l'évidence... Il s'agit d'un micro.

Je me relève, les rouages tournant à pleine allure dans mon esprit. Quelqu'un a mis mon bureau sur écoute. Mais pour quelle raison ? Étant donné que ma seule affaire en cours est le meurtre de Rachel Parks, les deux événements sont forcément liés.

Mon premier instinct est de penser que le meurtrier a eu vent de notre enquête et qu'il s'est introduit ici pour en savoir plus. Cependant, il est impossible d'aller plus loin que l'entrée de Lockhart Investigations sans avoir la carte magnétique qui ouvre la porte principale ou le code pour désactiver l'alarme. À la seconde où cette dernière aurait été enclenchée, j'aurais reçu une notification sur mon téléphone.

Cela signifie qu'il n'y a pas eu d'effraction. La personne qui a placé le micro ici avait libre accès à mon bureau. Et mis à part moi, il n'y a que quatre personnes qui correspondent à cette description.

Mes assistants.

Les assistantsWhere stories live. Discover now