Chapitre 23 : Evan

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Je ne m'étais jamais demandé comment dessiner un castor jusqu'à maintenant. Je fais de mon mieux pour représenter l'animal aussi fidèlement que possible, mais le résultat se rapproche davantage à un rat écrasé sur le bord de la route. Ma mère et ma sœur me regardent comme si j'avais complètement perdu la tête. Pour être honnête, elles me regardent comme cela à chaque fois que nous jouons au Pictionary.

Aucune des deux ne trouve la réponse dans le temps imparti. Je rebouche le feutre en lâchant un long soupir.

— C'était un castor ! m'exclamé-je. J'ai même fait un morceau de bois à côté de lui.

— On dirait une trottinette, ton bout de bois, rétorque Lexie.

— Je pensais que c'était un bateau, surenchérit ma mère.

— Vous êtes incapable de reconnaître le talent d'un véritable artiste. C'est de l'art abstrait !

Lexie échange un regard avec ma mère et elles éclatent de rire au même moment. Elles se moquent de mon dessin, mais je suis toujours heureux de réussir à les faire rire.

— Quand on ira au zoo, dit Lexie, tu pourras voir à quoi ressemblent vraiment les castors.

— On a prévu d'aller au zoo ? rétorqué-je pour la taquiner.

— Evan ! Arrête de faire des blagues, tu n'es pas un clown. Tu as promis que tu m'emmènerais voir les pingouins.

Je fais une grande grimace en guise de réponse, et Lexie lève les yeux au ciel. Elle est obsédée par les pingouins depuis des mois, alors j'ai décidé de l'emmener au zoo le plus proche dès que possible. Et quand vous avez dix ans, c'est difficile de se montrer patient. Ma petite sœur est plus efficace qu'un rappel sur mon téléphone. 

Nous continuons le jeu pendant une demi-heure supplémentaire, tout en finissant le gâteau que j'ai amené pour le dessert. Lexie part jouer dans sa chambre, ma mère et moi commençons à nettoyer les restes de notre déjeuner. Après avoir rangé la table, nous passons à l'étape de la vaisselle. Ma mère lave, puis j'essuie.

— Merci d'être venu déjeuner avec nous, mon chéri, dit ma mère en remettant du liquide vaisselle sur l'éponge. Je sais que tu es très occupé en ce moment, mais ça nous fait très plaisir de te voir.

— Moi aussi, ça me fait plaisir. Au fait, j'ai demandé à un collègue d'échanger ses heures avec moi jeudi prochain. Comme ça je pourrai m'occuper de Lexie pendant que tu seras à ta séance de dialyse.

— Qu'est-ce que je ferais sans toi ?

Ma mère dépose un baiser sur ma joue. Le léger sourire qu'elle parvient à m'offrir malgré la fatigue vaut tout l'or du monde. J'aimerais pouvoir en faire davantage, pouvoir endurer toutes les douleurs à sa place, mais je dois me contenter de ces petits coups de main du quotidien. Si à la fin de la journée, le poids sur ses épaules est un peu moins lourd, alors tous mes sacrifices en valent la peine.


En début de soirée, je rejoins Alyssa et Jamie devant Lockhart Investigations. La réunion de la société secrète est dans un peu plus de deux heures. Charlotte voulait venir malgré sa chute de ce matin, mais Alyssa l'a menacée de lui tordre le deuxième poignet si elle ne restait pas chez elle pour se reposer. Après cela, Charlotte a arrêté de débattre.

Tandis que nous grimpons tous dans la même voiture, Jamie lève la main comme s'il était un écolier qui cherche à attirer l'attention de sa maîtresse.

— Oui, Jamie ? demande Alyssa, exaspérée d'avance.

— Est-ce que je peux amener mes couteaux ?

Les assistantsحيث تعيش القصص. اكتشف الآن