Chapitre 38 : Alyssa

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Ça recommence. Je me retrouve une nouvelle fois à proximité du danger. Je prie pour ne pas arriver trop tard, cette fois. Mes jambes semblent avancer de leur propre chef. Je suis presque arrivée au manoir. Il faut que j'entre, que je trouve Charlotte, et qu'on se dépêche de partir. C'est un plan simple. Je dois tout faire pour le mener à bien.

Alors que j'atteins le perron, j'entends un bruit sourd retentir à l'intérieur de la maison. Tout mon corps s'immobilise. Ce son est bien trop familier pour que je ne le reconnaisse pas. Un coup de feu. Me voilà de retour dans le bureau de Lockhart, seule, terrifiée et impuissante. De l'autre côté de la porte, mon mentor se vide de son sang, mais je ne peux plus bouger.

Et si Charlotte était blessée en ce moment même ? Et si elle était sur le point de mourir ? Une chose est sûre : elle a besoin de moi. Je me force à reprendre mes esprits. Je sors mon téléphone à toute vitesse pour composer le 9-1-1. Une opératrice prend mon appel au bout de trois sonneries. J'explique la situation aussi calmement que possible tout en contournant le manoir. Une femme armée et une jeune femme en danger imminent. J'explique rapidement l'agencement de la maison afin que l'arrivée des secours soit plus rapide.

L'opératrice me demande de rester en ligne et de rester loin de la fusillade. Je ne peux pas suivre ses recommandations. D'ici à ce que la police et l'ambulance débarquent, Charlotte sera peut-être déjà morte. Impossible d'attendre. Je dois la sauver.

Je ne fais qu'une dizaine de mètres avant de découvrir un spectacle terrifiant. Charlotte, courant à toute vitesse vers une potentielle cachette. Laurel, sortant du manoir, un pistolet à la main. Je n'ai pas le temps de réfléchir. J'agis simplement. J'attrape une pierre non loin de mes pieds et je la lance de toutes mes forces vers Laurel. Par je ne sais quel miracle, je parviens à la toucher. Elle est suffisamment déstabilisée pour rater son coup de feu. La balle va se loger au beau milieu du gazon. Dans un instant, Laurel va chercher le point d'origine de l'attaque, mais je recommence à sprinter en direction de Charlotte.

Dès qu'elle me voit arriver, je vois une vague d'espoir traverser ses yeux. Nous continuons de courir comme si notre vie en dépendait, car c'est le cas. Charlotte me guide vers un énorme labyrinthe de haies. J'acquiesce. C'est le meilleur endroit pour se mettre à l'abri. Je ne prends pas le risque de me retourner, mais je suis certaine que Laurel est à nos trousses. Un seul aperçu de son visage m'a suffi à comprendre qu'elle ne pouvait plus être raisonnée. Elle a soif de sang, et elle ne s'arrêtera pas avant d'avoir tué Charlotte.

J'essaye de mémoriser tous les tournants que nous prenons dans le labyrinthe, mais le flot d'adrénaline m'empêche de me concentrer. En revanche, Charlotte a l'air de parfaitement savoir où elle va. J'imagine qu'elle a eu le temps de se familiariser avec tous les chemins possibles depuis qu'elle est enfant. Lorsque nous sommes suffisamment loin, nous nous arrêtons pour reprendre notre souffle.

— J'ai appelé les secours, chuchoté-je. Ils ne devraient pas tarder.

— Il faut qu'on sorte d'ici, répond Charlotte. Laurel sera paumée pendant quelques minutes, mais si elle nous trouve, on sera des proies faciles.

En baissant les yeux, je remarque que Charlotte a un couteau en sa possession. Il fait déjà assez sombre dehors, mais je peux distinguer des traces de sang sur la lame.

— Je l'ai blessée à deux endroits, explique-t-elle en voyant la direction de mon regard. J'aurais dû faire plus, mais... Elle pouvait me tirer dessus à tout moment. J'ai... La peur a pris le dessus.

— On va s'en sortir, d'accord ? On trouve le meilleur moyen de survivre et on avance.

Charlotte hoche la tête. Je me concentre sur le silence autour de nous pour essayer de repérer notre assaillante. Au bout d'une minute ou deux, j'entends des chaussures rencontrer le béton qui compose le sol. Laurel n'est pas très loin. Je fais signe à Charlotte de se baisser. Mon instinct était le bon, car un instant plus tard, des coups de feu viennent perforer la haie à deux endroits. Impossible de retenir un cri de surprise dans de telles circonstances.

Les assistantsWhere stories live. Discover now