Chapitre 19 : Jamie

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Evan m'a déposé à Lockhart Investigations avant de repartir chercher un petit déjeuner pour tout le monde. Je crois que c'est censé être un gage de réconciliation après la révélation qu'il a laissée échapper hier. Je ne suis pas sûr qu'un café et des croissants puissent calmer Alyssa, mais ça lui évitera sûrement de se prendre un nouveau coup de poing en pleine figure. Dans tous les cas, je gagne un petit déjeuner gratuit, donc cette initiative me plait beaucoup.

En attendant que le monte-charge arrive à destination, je décide d'appeler Alyssa. Sa voiture n'était pas garée devant, ce qui signifie qu'elle n'est pas encore arrivée. Ce coup de fil me permettra de jauger le niveau de sa colère sur une échelle allant de "calme olympien" à "je vais acheter une masse pour tout casser". Elle répond au bout de quatre sonneries.

— Qu'est-ce qui se passe ? demande-t-elle d'une voix rauque.

— Bonjour à toi aussi, rétorqué-je, amusé. Quelqu'un a fait la fête hier soir, on dirait.

— J'ai juste bu quelques verres avec Charlotte dans un restaurant.

— Tu dois quand même avoir une petite gueule de bois si tu es encore dans ton lit. Je suis arrivé au travail avant toi. Tu es à deux doigts de toucher le fond, Winters.

— Je ne viens pas au bureau aujourd'hui. Il me faut une pause.

Le bruit mécanique du monte-charge me signale l'arrivée au dernier étage de l'immeuble.

— J'en conclu que ça s'est mal passé avec Lockhart, dis-je. Tu ne pourras pas l'éviter pour toujours, tu sais ?

— Je ne veux pas l'éviter, répond Alyssa en soupirant. Je reviendrai lundi. J'ai seulement besoin d'une journée pour que les tensions s'apaisent. Et je compte bien continuer l'enquête. Je comptais vous demander de venir chez moi pour travailler en fin de matinée. Si tu es au bureau, il faudrait que tu récupères mes dossiers dans la salle de réunion.

— Très bien, c'est d'accord. Mais sache que je n'arriverai plus jamais tôt au travail. Tu m'as volé des heures précieuses de sommeil.

Je traverse le couloir pour arriver à la salle de réunion.

— Et d'ailleurs, ajouté-je en ouvrant la porte, ne crois pas que je n'ai pas relevé ce que tu as dit. Tu n'as même pas pensé à moi pour aller te bourrer la gueule. Je suis très blessé, Winters.

— Eh bien, sois blessé tout en récupérant les dossiers. Je retourne me coucher.

— Tu es une patronne horrible.

— Je ne t'entends plus. Au revoir !

Alyssa met tout de suite fin à l'appel. C'est assez agaçant de parler à quelqu'un qui aime avoir le dernier mot autant que vous. Mais j'ai eu la réponse à ma question : Alyssa ne semble pas en colère. Plutôt blessée et déçue.

En rassemblant les documents éparpillés sur la table, je remarque que la porte du bureau de Lockhart est entrouverte. Je vais alors jusqu'au côté opposé du bâtiment pour voir si le détective se trouve à l'intérieur de la pièce.

Je la trouve agenouillée devant la cheminée, en train de disposer des bûches dans le foyer. La porte grince légèrement lorsque je la pousse, ce qui trahit ma présence. Lockhart fait volte-face, une pointe d'espoir dans le regard. Elle semble déçue lorsqu'elle se rend compte que ce n'est que moi. Elle s'attendait sûrement à voir sa protégée.

— Bonjour, Jamie, dit-elle d'un faux ton cordial. Tu es bien en avance, ce matin.

— Evan voulait venir plus tôt. Et comme c'est lui qui me conduit jusqu'ici... Mais je ne fais que passer. Je prends quelques dossiers et je m'en vais.

Les assistantsWhere stories live. Discover now